Le comte de Moret
de Alexandre Dumas

critiqué par CC.RIDER, le 29 septembre 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un roman plein de "scoops" historiques
Sous le règne du roi Louis XIII, alors que Richelieu vient de se rendre maître de la ville de La Rochelle après un long et terrible siège, apparaît un jeune aristocrate, le comte de Moret dont la ressemblance avec Henri IV est pour le moins troublante. Le Comte Pisani, bossu atrabilaire et amoureux éconduit, veut se débarrasser de lui car il pense qu'il a les faveurs de la dame de ses pensées. Il fait appel à Etienne Latil qui refuse ce travail de spadassin puis à d'autres personnages de sac et de corde. L'affaire se termine à grands coups d'épée et surtout au détriment de Pisani. Mais ceci n'est que le tout début des aventures du Comte de Moret qui va très vite se retrouver impliqué dans les affaires les plus importantes de l'Etat... (Complots de toutes sortes, guerre avec la Savoie)
Un roman historique assez peu connu du grand Alexandre Dumas. Un pavé de quatre tomes et plus de 600 pages qui plonge le lecteur dans les arcanes de la politique de Richelieu et de Louis XIII et brosse de grands pans de l'histoire de cette période troublée. Dans ce livre, le versant cape et épée, bien qu'assez présent, n'est absolument pas prépondérant. Dumas s'est nettement plus intéressé à l'histoire secrète, cachée, celle qui ne se trouve pas dans les manuels d'écolier bien entendu. Ainsi évoque-t-il longuement le complot qui organisa l'assassinat d'Henri IV. Pour lui, Ravaillac n'était en aucun cas, un tueur solitaire, mais plutôt le bras armé du Duc de Montmorency, du Duc d'Orléans, frère du roi et de Marie de Médicis, la reine elle-même. Cette thèse a été récemment admise par plusieurs historiens. Le lecteur apprendra également que Louis XIII n'était pas le fils d'Henri IV, mais un bâtard que la reine aurait eu d'un favori italien. D'où le côté velléitaire, frileux, peureux, le manque de charisme, la détestation des femmes et l'attrait pour un tas d'éphèbes et de « mignons ». Quatorze ans après leur mariage, toujours pas d'héritier. L'entourage envisage toutes sortes de palliatifs. Comme le roi semble souffreteux et pas loin de rendre son âme à Dieu, on trouverait normal qu'une fois veuve la reine se remarie avec Monsieur, Gaston d'Orléans, frère du roi ou mieux encore, qu'elle se retrouve enceinte à ce moment-là. Cela permettrait une nouvelle régence. De très habile façon, Dumas, dans son tout dernier chapitre, laisse entendre, après une ultime manoeuvre surprenante dont il convient de laisser au lecteur le plaisir de la découverte, que l'ascendance de Louis XIV pourrait bien avoir suivie elle aussi des chemins détournés, mais qui auraient néanmoins fini à Rome. En résumé, pas mal de « scoops » historiques dans ce bouquin (réhabilitation de Richelieu et remise à sa place de Sully, entre autres) qui, s'il n'est évidemment pas du niveau des plus grands titres du maître, n'en demeure pas moins à conseiller aux inconditionnels de Dumas et aux amoureux de l'Histoire.