Putain
de Nelly Arcan

critiqué par Libris québécis, le 4 décembre 2002
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La putain de vie
Née dans un village qui longe la frontière américaine, Nelly Arcan a semé la controverse avec son roman dont le titre accrocheur pouvait à lui seul braquer sur elle l'attention des lecteurs. Plusieurs auraient bien aimé que l'étudiante qui se prostitue soit l'auteur de cette oeuvre qui s'annonce comme révélatrice du milieu.
Voilà que le public voyeur fut détrompé. Il s'agit plutôt d'un roman dans lequel on présente une jeune femme qui en a marre de la vie. Elle s'en prend en premier lieu aux carences parentales. Elle aurait souhaité un père moins absent, empressé qu'il était d'exercer son métier de vendeur itinérant. Elle aurait souhaité aussi une mère moins effacée qui riposte aux inconvénients de la vie. En somme, elle trace le portrait d'une famille qui compte comme toutes les autres son lot de frustrations.
Si j'étais psychologue, je pourrais faire une analyse savante de ce roman. Mes maigres connaissances me laissent seulement conclure qu'une consultation l'aurait aidée à résoudre son complexe d'Oedipe, pas encore résolu à son âge. De nos jours, les parents doivent avoir le dos large. On leur reproche mille et un défauts. Mais je comprends avec cette oeuvre la fragilité des humains que l'on met au monde.
L'héroïne développe donc une aversion envers tous les hommes. Quand elle les reçoit comme clients, elle évite surtout la position du missionnaire pour ne pas les voir de face. Dans le fond, ce qu'elle déteste d'eux, c'est qu'il représente son père, qu'elle craint d'ailleurs de recevoir comme client. Ses relations avec les hommes sont très ambiguës. Elles ne sont pas plus claires avec les femmes, à qui elle reproche d'accepter ce qu'elle rejette, c'est-à-dire l'amour.
Comme le roman fait ressortir l'aspect sombre de l'être humain, il est à déconseiller aux dépressifs. Quant à moi, je l'ai trouvé riche de leçons, surtout parce que je suis un homme qui s'est senti visé par le message, tout en sachant qu'il provient d'un personnage plus ou moins déséquilibré.
Le roman se présente comme un récit dont la narratrice est l'héroïne. Ce genre littéraire a quelque chose de fastidieux d'autant plus que l'écriture a beaucoup d'ampleur. Ce sont de longues phrases qui viennent traduire la pérennité de la souffrance de cette jeune femme torturée. Le pessimisme de l'oeuvre est aussi accablant parce qu'il insinue que nous menons tous une putain de vie.
putain de nelly arcan 3 étoiles

j'ai arrêté de lire ce roman. Trop répétitif. Après un chapitre on voit ce qu'elle veut exprimer. Et pour moi c'est assez. Je le finirai une autre fois. J'ai ce droit d'après Daniel Pennac

andro 2

Andro2 - - 70 ans - 12 octobre 2009


Une oeuvre très forte et dérangeante 10 étoiles

Je n’aime pas attendre la mort d’un écrivain pour découvrir son œuvre et la lire. C’est mon cas avec Nelly Arcan dont je n’avais rien lu avant sa mort et qui ne m’intéressait pas particulièrement en tant que personnage public et connu. J’avais même des préjugés envers cette femme trop belle, cette poupée de porcelaine, cette jolie chose que les hommes admirent et regardent comme une proie à conquérir. Tous ces jeux m’agacent profondément et je ressens une profonde lassitude devant cet éternel recommencement du jeu de la séduction.

Nelly Arcan a payé ses études littéraires en exerçant le métier d’escorte. Pourquoi pas ? Je n’ai rien contre ce gagne-pain à condition d’être assez forte pour l’assumer et en ressortir vivante ce que madame Arcan n’a pas réussi à faire malheureusement. Car dans ce métier, le culte de l’image et de la beauté sont impitoyables et celle qui accorde trop d’importance à son image ne peut supporter de la voir altérée par les années qui passent.

Madame Arcan raconte donc dans son livre la vie de Cynthia, une jeune prostituée de vingt ans qui, grâce à ce travail, se fait beaucoup d’argent et arrive à payer ses études de littérature et aussi à profiter de la vie en se payant tous ses petits caprices de femme que ce soit une nouvelle robe ou un nouveau sac à main de marque. Mais Cynthia est rongée par la culpabilité et le remord d’exercer le triste métier de putain. Elle déteste la vie et l’image de ses parents l’obsède. Elle en veut à sa mère de mal vieillir, de devenir une épave geignarde et névrosée qui ne fout rien de la journée et qui s’accroche à son mari avec une dépendance répugnante. L’image du père est également une source d’angoisse et de détresse pour Cynthia, ce père qu’elle cherche à atteindre et à toucher en vain. Cynthia nous raconte donc sa vie, ses misères, son psychanalyste, ses clients et ses relations avec eux. Il y a des jeunes mais aussi de très vieux, des gros, des infirmes, des obèses mais il y a Mathieu, un beau gars bien musclé mais qui la laisse indifférente malgré l’amour qu’il lui porte.

C’est un regard terriblement lucide et dur que madame Arcan pose sur la vie et sur le rôle de la femme dans la société. Cette femme jetée en pâture aux mâles qui exigent de plus en plus de jeunesse, de beauté et de chair fraîche afin de satisfaire leurs besoins sexuels toujours présents.

Je comprends mieux le suicide de madame Arcan en refermant ce livre épouvantable mais si vrai. Sur plusieurs points, je rejoins Nelly Arcan dans sa pensée et son absence d’espoir. Une œuvre profonde, très forte, dérangeante, qui ne m’a pas laissée indifférente bien au contraire. J’ai aussi beaucoup aimé l’écriture de madame Arcan, ces phrases interminables, ce rythme effréné qui m’a rappelé Horacio Castellanos Moya mais là s’arrête la comparaison car les thèmes abordés sont très différents. Le suicide et le goût de la mort sont déjà bien présents dans cette œuvre et annonce inévitablement ce qui vient de se produire dernièrement. Allons-y pour cinq étoiles, c’est amplement mérité !

« …il n’est pas facile de mourir enfin, il est plus aisé de jacasser, larver, gémir, d’ailleurs ma mère ne s’est jamais donné la mort, et pourquoi je n’en sais rien, sans doute parce qu’il faut de la force pour se tailler les veines, parce que pour se tuer il faut d’abord être vivant. »

« Quand j’étais petite, j’étais la plus belle, je l’étais sans doute comme toutes les petites filles le sont, chacune à faire voler sa robe sous l’action de la corde à danser, j’étais parfaite dans l’ignorance de ce qui m’attendait… »

« Chaque jour en est un de trop dans le monde de la jeunesse, il faut du temps pour le comprendre, pour admettre que nous avons vieilli malgré l’effort et que notre vieillesse n’en est pas une, que nous ne sommes ni jeunes ni vieilles à présent que nous ne sommes plus dans la vie mais ailleurs… »

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 3 octobre 2009


Fente éloquente 2 étoiles

Lors d’un récent sondage auprès des spécialistes locaux en littérature, ils nommaient de façon récurrente ce bouquin à titre de meilleur roman Québécois. Intrigué, je décidai de laisser mes préjugés de côté, finalement pour les confirmer tous un après l’autre.

Après une cinquantaine de pages, le tour du jardin est fait, le reste n’est que remplissage et répétition du même thème, soit la longue complainte d’une narratrice blasée possédant un désagréable réflexe freudien de tout associer au sexe. Le fait qu’elle soit putain n’a pas réellement d’importance, puisqu’elle ne nous apprend rien de nouveau sur le milieu des escortes. Si au moins l’auteur avait fait l’effort d’aller plus loin que son nombril et tracer des portraits réalistes des clients au lieu de se camper dans les archétypes, cela aurait été beaucoup plus intéressant.

Le problème principal est que l’on n’y croit pas. Le décalage entre la vulgarité inhérente du métier et la qualité de l’écriture est trop large pour être comblé. Il est alors difficile d’oublier que nous sommes dans une autre « auto-thérapie » vide.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 29 octobre 2008


Beaucoup de bruit pour rien 3 étoiles

J’ai lu ce livre à cause du titre (titre osé pour un livre qui ne l’est pas tant) et aussi de la couverture alléchante de l’édition poche (le nombril d’une femme en sous-vêtement, marketing, mais qui convient parfaitement au personnage principal qui est très centré sur elle-même).

Côté écriture, la syntaxe est étrange et manque de ponctuations, ce qui rend le texte lourd. Côté contenu, c’est moyen. C’est rempli de divagations sur Freud avec une fixation de faire l’amour avec son père. Ça aurait pu être une intéressante façon d’approfondir son personnage, mais c’était plus irritant parce qu’elle se répétait des tonnes de fois (ok, on a compris le principe). Le personnage principal est totalement antipathique (personnellement, je doute que les prostitués le soient autant qu’elle). Elle ne pense qu’à son corps, ça en est lassant. Jamais j’aurais pu croire que les livres sur la prostitution peuvent être aussi ennuyeux (je pense aussi à Onze minutes de Paulo Coelho).

J’ai vu l’entrevue de Nelly Arcan à Tout le monde en parle (version Québec) pour son livre Folle et elle a l’air d'une femme charmante. Juste après la lecture de Putain, je m’étais jurée de ne plus jamais lire un livre de l’auteure, mais maintenant, je pense à lui donner une deuxième chance.

Anecdote : Putain était ma première critique à CL, mais elle n’avait pas été enregistrée et je ne l’avais pas sauvegardé sur mon disque dur. Par manque de volonté, j’ai laissé tomber CL pendant plusieurs années. En tout cas, la boucle est bouclée.

Nance - - - ans - 7 septembre 2008


La nullité, est-ce une position du Kama Sutra? 1 étoiles

J'ai sincèrement trouvé ce livre très fade, voire nul.
Je pense que des prostituées intelligentes il y en a plein, et que n'importe laquelle est capable d'écrire ce genre de chose.
Il n'y a aucune révélation , aucun dénouement.
Cette femme parle de problèmes dont on ne connaît pas vraiment les causes. Nous ne les saurons même jamais. Cela est peu enrichissant.
De même, le langage est certes très riche, mais aucun style n'est existant.

PrinceX - - 38 ans - 29 mai 2008


DE TOUT ET... N'IMPORTE QUOI 2 étoiles

Je n'ai pas retiré grand chose de la lecture de ce livre... en fait on n'y comprend pas grand chose...

C'est une sorte de biographie sommaire dans laquelle l'auteur nous livre, sans complaisance, sa vision du monde et de la vie, le tout à travers le prisme déformant de sa "profession" de prostituée..

Et là j'ai complètement décroché... que cette femme a un problème avec son père on l'a vite compris... de là à mettre tous les hommes dans le même sac...

Elle a aussi un problème avec la prostitution... et se déteste d'en faire son gagne-pain, mais on se demande alors pourquoi elle continue de faire le métier qu'elle fait?

Donc elle a un problème avec les hommes et avec la prostitution... mais elle passe sa vie à coucher avec eux...

Pas grand chose à comprendre sinon que cette jeune femme au demeurant fort intelligente (elle suit d'ailleurs des cours à l'université, pendant qu'elle vit de ses charmes...) a surtout besoin de quelques bonnes séances chez le psy, plutôt que d'écrire un livre!

Sinon comment peut-on déclarer dans une interview à la télévision que ce qu'on aime le plus au lit c'est "moi avec deux mecs" et dire à longueur de livre que ce qu'elle apprécie le plus c'est la position de la levrette "car on n'est pas obligée de "subir" la tête du client"?

La seule chose à retirer de ce livre sont quelques néologismes intéressants du style de : "putasser"...

Septularisen - - - ans - 21 novembre 2005