Modigliani : L'ange au visage grave
de Marc Restellini

critiqué par Jules, le 6 décembre 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un éblouissement !
J'ai eu la grande chance d’avoir été à l’exposition Modigliani au musée du Luxembourg à Paris. Je connaissais bien cet artiste, mais jamais je n’avais vu autant d’oeuvres de lui rassemblées. Une féerie !… Le catalogue de l'exposition nous en transmet une bonne image.
Un seul regret : le monde ! On visite parmi une foule incroyable et, alors qu'on pourrait rester des heures devant toutes ces toiles, il s’agit d'avancer. Parfois on n'arrive à voir une œuvre qu’entre le chapeau de Madame et la tête de Monsieur. Mon petit-fils a bien mieux vu que moi, toujours faufilé au premier rang devant tous ces géants.
Des portraits plus beaux les uns que les autres, des desseins à profusion, et ces fameux nus si lascifs, langoureux, esthétiques, aux formes parfaites et douce. De 1906 à 1920, Modigliani nous a donné pas moins de 420 tableaux, un paquet de dessins et une vingtaine de sculptures.
Il se serait mieux vu en sculpteur qu'en peintre, mais son marchand l'a poussé à continuer à peindre. Heureusement pour nous, même si j'adore aussi ses sculptures !
Pourquoi ces portraits, ou ces visages de nus, avec un seul œil peint ? Il répond à un ami : « Parce que tu regardes le monde avec l’un ; avec l’autre tu regardes en toi. » Remarque d'autant plus compréhensible quand on sait que Modigliani était atteint de schizophrénie. Il avait d’ailleurs une passion pour « Les chants de Maldoror » de Lautréamont, autre grand schizophrène.
Modigliani vit avec ses grands contemporains, même s'il est parfois à part et solitaire, enfermé en lui et en ses visions. D'abord à Montmartre, puis à Montparnasse, il fréquente Derain, Apollinaire, Max Jacob, Picasso, Vlaminck, Matisse, Soutine, Zadkine, Cocteau etc. Alors que beaucoup d'entre eux vont s’engager en 1914 ou un peu plus tard, lui, comme Picasso, restera hors du conflit.

En 1918, pour éviter la grippe espagnole et le sort d'Apollinaire, il quitte Paris pour la Côte d'Azur où il peindra de superbes paysages. Mais avant tout c’est un portraitiste, car il considère que l’âme de l'être est sur son visage.
Comme ses contemporains, son œuvre est fortement influencée par l’art africain.
Modigliani m’a toujours un peu semblé un artiste à part dans son époque. Il a traversé le monde bien trop vite, puisqu’il meurt à 36 ans en 1920 d’une méningite tuberculeuse. Aurait-il su se renouveler comme est arrivé à le faire un Picasso ? Nous ne le saurons jamais.
Ce livre est une merveille. Un superbe cadeau à offrir, ou à s'offrir !