Matisse-Picasso
de Collectif

critiqué par Jules, le 7 décembre 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un très beau catalogue comparatif
Ici, je n'ai pas eu la même chance que pour l'expo de Modigliani. Je m’y étais pris quinze jours à l’avance et plus une place réservée disponible ! Or plusieurs de mes amis m’avaient avertis que, sans réservation, cela ne valait pas la peine de tenter l'aventure : plus de trois heures de file ! Imposer cela à mon petit-fils me semblait impensable !
Je n'ai donc pas vu cette exposition et le catalogue sont donc ma consolation.
C'est par un très grand nombre de sculptures, de dessins et de tableaux qu’elle compare les œuvres de ces deux artistes. L’exposition est également classée par thèmes : « La danse », « Mélancolie », « La voie primitive », « Tout n’est que signe dans la peinture » etc. Pour chaque thème, vous trouvez plusieurs oeuvres de l’un et de l'autre peintre montrant les chemins suivis à un ou deux ans près.
Matisse et Picasso ne se sont rencontrés qu'en 1906. Le premier avait alors trente sept ans et le second vingt cinq. A cette époque Picasso cherchait un style nouveau plus direct et impétueux, alors que Matisse tâtait plusieurs styles pour un même sujet. En parlant d'eux plusieurs années plus tard, Matisse se disait avoir été le pôle nord et qualifiait Picasso de pôle sud tant ce dernier était, à l'époque, marqué par l’imagerie espagnole.
De façon générale, nous pourrions trouver l'œuvre de Matisse plus douce que celle de Picasso, qui déstructure bien souvent davantage ses sujets. Matisse reste plus près du figuratif, de la forme originale. Ses couleurs sont aussi fréquemment plus douces, notamment ses bleus et ses rouges. Il n’en ressort pas moins beaucoup de points communs dans les recherches picturales et c’est ce qui rend cette exposition aussi intéressante.
En 1950, Matisse dit de Picasso qu'il peut tout se permettre, qu'il est révolutionnaire, qu’il pressent, qu’il découvre et exploite les nouvelles lois artistiques. De son côté, Picasso se limite à un compliment plus général et dit
« Je ne vois pas beaucoup Matisse… Mais Matisse sait bien que je ne peux pas ne pas penser à lui. Entre lui et moi, il y a notre œuvre commune pour la peinture : quoi qu’on veuille, cela nous lie. »
Ce catalogue vaut vraiment la peine d’être acheté quand on veut tenter de comparer ces deux oeuvres. En plus, il nous propose une autre vision de chacune au travers de celle de l’autre.