Les profanateurs de Michael Collins
( The resurrectionists)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Une vie plus que secouée !
Voici le troisième, et dernier, roman de Michael Collins. C'est probablement son meilleur et le plus élaboré, mais j’ai beaucoup aimé les précédents aussi !… Un livre intelligent sur un segment de la société américaine d’aujourd’hui, mais un véritable suspense aussi ! Cette histoire est pleine de rebondissements et l’on se demande constamment ce que l'on va découvrir, où l'auteur va nous mener.
Frank Cassidy doit avoir la quarantaine. Il est marié à Honey et vit dans le New-Jersey avec Robert Lee, la quinzaine, fils de Honey d'avec son premier mari, Ken, et Ernie le fils qu'ils ont eu ensemble quelques années plus tard.
Ken a assassiné deux petits vieux et vit depuis des années dans le couloir de la mort. Ce mari et père absent, mais combien présent !, pèse lourd dans la vie de Frank, Honey et Robert Lee. A chaque fois que son exécution est programmée, il obtient un sursis de dernière minute…
Frank rame dans la vie et Honey travaille pour un patron avec lequel elle entretient des rapports pour le moins bizarres. En outre, Frank trimbale de solide casseroles derrière lui !. Petits, il a assisté à la mort de sa mère et de son père dans l’incendie de la ferme dans laquelle il vivait au Michigan. C’est son oncle, Ward Cassidy, qui l'en a sorti pour l'accuser instantanément d’être le responsable du feu, ayant joué avec des allumettes. Ward va recueillir Frank, mais va lui mener la vie dure, jusqu'au jour où celui-ci va se tirer. Ward a un fils, Norman, bien plus jeune que Frank, pas très malin mais possédant une force hors du commun.
On apprend vite que Frank aura été torturé par un psychologue pendant des années et finira par se voir infliger des électrochocs des années plus tard à Chicago.
Il dit : « Je n'ai rien dit, mais je pense que c’est comme ça que nous vivons nos vies, pour l’essentiel, sans réfléchir… C'était difficile de localiser avec précision la genèse de ce qui avait fait de nous ce que nous étions, de circonscrire les événements qui nous définissaient. »
Quant au système d'éducation, voici ce qu’il en pense : « .le système d’éducation élémentaire avait moins pour but de vous apprendre quelque chose que de vous socialiser comme un animal de troupeau. »
Frank hait son oncle Ward, mais s’entend bien avec Norman, le fils de celui-ci. Ward occupe l’entièreté de la ferme des frères Cassidy. Et voilà qu’un matin il apprend que son oncle a été assassiné par un homme qui a été pris, mais alors qu'il venait de se pendre. L'homme est dans le coma et on ne sait pas du tout qui il est. Il pourrait être Chester Green, le fils du voisin, mais celui-ci est enterré depuis des années et serait mort en Corée !.
Ni une, ni deux, Frank vole une Cadillac pour se rendre, avec toute sa famille, dans le Michigan avec la ferme intention de récupérer son héritage, la moitié de la ferme, exploitée par Ward, Norman et sa femme Martha. Mais il est loin de savoir dans quoi il va atterrir et tout ce qu'il va y vivre et y découvrir…
Un long chemin parsemé d'embûches et de surprises, mais qui va aussi lui faire faire un solide retour sur lui-même et sur son passé. Et toujours, partout, ces télévisions allumées ne diffusant que des feuilletons à la con, aux rires pré-enregistrés ou aux histoires plus bêtes les unes que les autres ! Elles rythment les heures et les journées d'une population avachie devant ces écrans dans les cafés, les bars, les motels, mais même parfois au boulot. Cet appareil fait partie de « l'éducation civique » dit-il, manichéenne, elle montre où est le bien et le mal !
Leurs places dans cet univers ?. « Nous n'aurions été que ces amuse-gueules de curiosité humaine qui, de nos jours, passent pour des nouvelles, une ville envahie par des caméras itinérantes à la recherche d’une histoire, quelque chose pour créer un pastiche du passé et du présent, une histoire pour retenir l'attention des téléspectateurs entre les publicités, avant que la télé ne fasse ce pour quoi elle a été créée, nous vendre des choses. »
Les éditions
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Les profanateurs [Texte imprimé] Michael Collins trad. de l'anglais par Jean Guiloineau
de Collins, Michael Guiloineau, Jean (Traducteur)
Christian Bourgois
ISBN : 9782267016246 ; 13,62 € ; 08/04/2002 ; 500 p. ; Broché -
Les profanateurs [Texte imprimé], roman Michael Collins traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Guiloineau
de Collins, Michael Guiloineau, Jean (Traducteur)
Points / Points. Roman noir
ISBN : 9782757833667 ; 8,00 € ; 21/03/2013 ; 528 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (7)
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Un quart monde dans l’Amérique profonde
Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 21 février 2015
Soigneusement occultés jusqu’alors, les drames de l’enfance de Franck et ses séjours en hôpitaux psychiatriques remonteront lentement à la surface, remettant en question les mystères entourant la disparition précoce et accidentelle de ses géniteurs.
Un bémol toutefois à cette passionnante étude de caractères : une surprenante impunité dont semble avoir bénéficié le héros, lors de la conclusion de l’histoire, dès lors que le début de son voyage s’est effectué à bord de véhicules qu’il avait volés et que ses séjours successifs n’ont pu être financés qu’à la faveur d’une grosse extorsion de fonds avec violence !
Pourtant et à la suite de rebondissements favorables éclairant son enfance, Franck trouvera la rédemption au bout du chemin, tandis qu’au départ, il estimait que « la vie, c’est pas une question d’avoir de bonnes cartes, mais de bien jouer avec de mauvaises donnes ».
En conclusion, nous avons eu affaire à un roman talentueux à la condition que le lecteur avisé sache contourner des longueurs évitables.
l'Amérique secrète
Critique de Fz (, Inscrite le 15 août 2013, 31 ans) - 15 août 2013
mais la chose que j'ai beaucoup apprécié c'est ce jeu de souvenirs, qui montre la défaillance et l'éclipse que peut subir l'esprit humain, l'impossibilité de trancher, de s'assurer en se basant sur la mémoire humaine, un esprit qui se trouve d'une autre part, victime d'un système qui l'abuse, qui le sous-estime, qui semble chercher à éclipser son génie, en le noyant par des banalités répétitivement, une répétition qui se pose comme obstacle empêchant de distinguer entre passé et présent, et réduisant tout en un simple déjà-vu, on ne pense plus au futur, les jours sont tous semblables et répétitifs, comme des émissions télé qu'on regarde une dizaine de fois.
l'illusion pénètre facilement les esprits et se confond avec le souvenir, l'intuition, poussée par l'incompréhension, la mémoire lointaine d'une souffrance ou un abus. cette illusion incite les gens soit vers la folie comme le cas de Frank Cassidy, qui dans plusieurs moments dans l'oeuvre a commencé à croire qu'il faisait des choses et les oubliait après, soit vers la poursuite d'une vérité qui n'existe pas, comme le cas du docteur Brown qui, convaincu par la responsabilité de Ward Cassidy dans l'incendie, élabore une version du déroulement des faits en se basant sur de la pure intuition et essaie de mener -en torturant- le jeune Frank Cassidy à défendre et soutenir sa thèse.
je pense que l'auteur voulait mettre le point sur l'importance du passé de l'homme dans son développement personnel, que malgré tous les efforts que l'homme peut faire pour oublier son passé, et aller en avant il va se trouver consciemment ou inconsciemment en train de revenir en arrière , en train de chercher les réponses.
on trouve aussi une étrange tendance à la fuite, des personnages qui n'essaient pas simplement de fuir leur passé mais de fuir leur présent aussi, et de fuir même leur vie. la vie est si dure ,amère , épouvantable qu'on ne pense qu'à quitter, partir, disparaître pour jamais.
Un retour sans passé
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 27 octobre 2008
Sur place il doit faire face aux fantômes du passé, et malgré l'opacité terrifiante de son enfance détruite, il tente de percer le mystère qui entoure la disparition de ses parents.
L'étrangeté des évènements qui s'enchaînent, parfois à la limite du surréalisme, plonge le lecteur dans un monde morne et sans illusions où les personnages ne cessent de tomber. Incapable de se définir par rapport à eux-mêmes et aux autres, ils cherchent à reconquérir des espaces de vie à un moment où tous leurs repères semblent s'être désagrégés dans le néant.
Ce qui prévaut avant tout dans ce roman c'est le contexte oppressant qui enveloppe les personnages dans une névrose paroxystique. Au-delà de l'histoire de Jack, c'est une satire acerbe d'une société en plein naufrage qui est dépeinte par l'auteur.
Ah !
Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 51 ans) - 19 septembre 2008
J'ai trouvé l'écriture très plate, l'histoire assez inintéressante, un suspense inexistant, une intrigue classique, un dénouement banal, bref, je n'ai pas trouvé grand chose de positif à ma lecture. D'autant que le livre fait 500 pages, dont bon nombre d'entre elles ne font ni avancer le schmilblick, ni ne procurent de réflexion, de poésie, ou de plaisir.
Déçu, forcément.
Du désespoir à la désillusion
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 30 mai 2005
En emboîtant le pas de Frank Cassidy, on sait tout de suite qu'on va vers quelque chose de pas forcément glorieux. Légère surprise lorsqu'on le voit se poser avec les siens dans sa ville natale, y trouver du boulot et s'y conduire en garçon somme toute assez respectable. On se dit que sa femme va fiche le camp, que son presque môme va faire une connerie ou peut-être qu'il arrivera quelque chose au plus jeune... Mais non, pourquoi tout cela devrait-il arriver, c'est déjà bien assez sordide comme ça. Cassidy est à la recherche de son passé pendant que sa femme essaie d'oublier le sien, cette vie passée avec un meurtrier qui attend la chaise d'un moment à l'autre. Pas facile à vivre, encore moins à gérer, les deux destins s'entrecroisent et voilà notre couple qui pense pouvoir enfin toucher le bonheur du bout des doigts qui se retrouve empêtré dans des combats entre souvenirs et fantômes.
Avec derrière tout cela le portrait d'une Amérique qui na va pas bien, qui se gave de hamburgers et de feuilletons débiles, qui ne vit qu'au rythme de la télé et de la bouteille d'alcool. Pas glorieux non, mais pourtant très attachant. Ces gens sont là, près de nous, humainement fragiles, victimes d'un système, courant après ce que nous souhaitons plus: un semblant de paix et de bonheur.
Michael Collins y va franco, il ne s'encombre pas de jolies formules, il nous raconte ces destins tels qu'il se présentent et à nous de composer avec tout cela. L'écriture est forte et puissante, elle emporte de suite le lecteur jusqu'à la fin. Cette fin qui me dérange et dont je ne peux rien vous dire sous peine de dévoiler l'intrigue. Mais je me suis sentie frustrée, comme spectatrice d'un stratagème trop facile, avec un fantôme qui n'en est pas un et une pirouette qui n'explique pas tout. Sentiment de fin bâclée, de 15 dernières pages moins réussies que tout le reste. Mais cela n'enlève rien au plaisir de la lecture et à la qualité de ce livre.
Et ton opinion de ce livre ?
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 26 mars 2005
Les fantômes du passé
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 26 mars 2005
Avec ce thriller, Michael Collins dépeint plus l'image d'une certaine Amérique qu'il ne mène une enquête. Une Amérique sombre et plombée, comme ces paysages plombés du Michigan. Solitude des paysages hivernaux, solitude des êtres. Avachis devant des programmes insipides diffusés par une télévision branchée en permanence. S'y côtoient entre autres "La croisière s'amuse", " L'homme qui valait trois milliards" et les traditionnels matchs de base-ball. Toile de fond d'un quotidien sombre et misérable. L'Amérique, selon Michael Collins, tient plutôt d'un sombre cauchemar que du rêve…
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Les profanateurs- suite | 1 | Nothingman | 26 mars 2005 @ 13:31 |