Résurrection de Léon Tolstoï
(Voskrešenie)
Catégorie(s) : Littérature => Russe
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Moraliste ou divin?
Ce roman est le dernier grand roman de Tolstoï, mais aussi l’un des moins connus.
J’ai été époustouflé par ce livre qui m’a profondément surpris. Il m’a d’autant plus surpris lorsque j’ai considéré les critiques et commentaires qui le qualifient souvent de roman secondaire de Tolstoï, qui n’est pas digne d’un « la Guerre et la Paix » ou d’un « Anna Karénine ». Or je l’ai trouvé bien supérieur à « Anna Karénine » et il n’a rien à envier à « La Guerre et la paix » dont, certes il est profondément différent.
Ces critiques le disent moraliste, qu’il est loin du style des premiers romans. Or je trouve que le style y est aussi remarquable bien que légèrement différent du fait du contenu qui l’est lui aussi.
Il reste ainsi des moments magiques dont Tolstoï seul a le secret, comme la messe de minuit lors la fête de Pâques, ou encore le moment le plus merveilleux à mes yeux : lorsque le protagoniste est dans le train et après une journée aride, et une pluie d’été tombe sur les prairies qui l’environnent.
Seul Tolstoï arrive à charger ces moments apparemment insignifiant en de purs moments d’expérience esthétique et lourds en symboles.
Voilà, pour ce qui est de la qualité littéraire. Mais ce roman, est aussi imprégné d’une profonde réflexion, ce que certains lui reprochent donc, en le qualifiant de moraliste. En effet, Tolstoï s’interroge sur les fondements de nos sociétés, leur fonctionnement, leur justesse. Il remet tout à plat, et il fonde tout son raisonnement sur enseignements du Nouveau Testament. C’est en cela que la morale jaillit, mais celle-ci n’amoindrit en rien ce roman et même le renforce. En effet, j’ai eu l’impression de lire un texte biblique moderne soutenu par le génie littéraire de Tolstoï. Et comme le Nouveau Testament le fait, il met à mal toute institution religieuse, pour nous montrer que Dieu et sa morale son partout autour de nous et non dans une église.
« Résurrection » est ainsi pour moi le meilleur roman qu’ait écrit Tolstoï, même si « La Guerre et la paix » n’est jamais très loin dans mon cœur.
Les éditions
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Résurrection [Texte imprimé] Léon Tolstoï préf. de Georges Nivat,... trad. d'Édouard Beaux
de Tolstoï, Léon Nivat, Georges (Préfacier) Beaux, Edouard (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070389421 ; 12,90 € ; 03/06/1994 ; 643 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Excellent
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 12 juillet 2020
c'est ainsi que le prince Nekhlioudov va, par le plus grand des hasards retrouver cette jeune servante qu'il engrossa et qu'il abandonna contre 100 roubles dans sa jeunesse, dans un tribunal où il fait partie du jury.
Katioucha (tel est le nom de la demoiselle) a pris quelques rides aux coin de ses yeux rieurs, mais elle est toujours bien jolie et le prince se prend de remords pour son comportement passé.
Malgré son innocence avérée lors de ce procès où elle est accusée de meurtre la justice est borgne et l'envoie respirer l'air pur des contrées sibériennes.
Nekhlioudov va alors commencer des démarches pour aider la jeune femme.
Dernier "grand roman" de Tolstoï et peut-être le moins apprécié il n'en demeure pas moins une intéressante critique politique qui met en relief un aspect sentimental hors du commun pour l'époque.
Agréable lecture
Prière punk ?
Critique de Antinea (anefera@laposte.net, Inscrite le 27 août 2005, 45 ans) - 26 mars 2014
Le repentir de Nekhlioudov face à Katioucha n'est qu'un prétexte à dénoncer la société et la justice de son époque. Une justice aveugle qui condamne les pauvres gens pour des motifs souvent dérisoires, des peines disproportionnées, des prisons pleines de ces pauvres réduits à l'état de bêtes, malades et se faisant dessus, des convois de déportés où l'on meurt en plein soleil dans l'indifférence des nobles qui quittent la ville en calèche pour aller se rafraîchir dans leurs isbas de campagne... A travers Nekhlioudov, Tolstoï démontre l'injustice de cette société féodale où les nobles possèdent tout et ont le droit de se servir sans vergogne sans prendre la responsabilité de leurs actions et ne devoir rendre de compte à personne. Il remet en cause les privilèges, plaide pour que les terres soient rendues aux paysans qui la cultivent, dénonce la pourriture et l'inutilité des prisons, la corruption, le zèle et la bêtise de fonctionnaires devenus des machines à faire respecter une loi inhumaine, accuse les religieux de participer à ce système en justifiant les peines par le repentir tout en prônant le pardon et la justice entre les hommes. Il dénonce aussi le sort des femmes, même si quelques vieux relents misogynes tenaces apparaissent à un moment du récit.
Les spécialistes de Tolstoï s'accordent pour dire que Résurrection est le plus mauvais des trois grands romans de l'auteur. Je n'en sais rien, je ne suis pas spécialiste. Mais si on lit ce livre pour y suivre un récit, alors je pense qu'on peut être déçu car au final les relations entre Nekhlioudov et Katioucha sont réduites à la portion congrue. Si l'on comprend que ce roman est un pamphlet presque révolutionnaire, alors on y trouvera une dénonciation argumentée et richement illustrée de la société russe de l'époque, où les contestataires à l'ordre établi finissaient en prison avec la complicité d'une population pauvre lobotomisée de travail et abrutie d'ignorance et de la population riche qui n'est pas prête à remettre en question ses privilèges ancestraux...
Passionnant
Critique de Vigneric (, Inscrit le 26 janvier 2009, 55 ans) - 7 mai 2013
J'ai aimé les personnages qui sont profonds et complexes. L'évolution du personnage principal tout au long de l'histoire est parfaitement bien décrite.
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