Vialatte à La Montagne
de Alexandre Vialatte

critiqué par AmauryWatremez, le 19 octobre 2012
(Evreux - 55 ans)


La note:  étoiles
Vialatte est vivant
De l’utilité des préfaces courtes • des lecteurs chanceux qui ne connaissent pas leur bonheur • affinités électives exemple 1 : Jacques Perret et Vialatte • ce qui est futile est indispensable prétend imprudemment l’auteur de cette recension • Vialatte n’a rien à vendre au chaland • la vanité existe de toute éternité • affinités électives 2 : Vialatte et Pierre Desproges • de l’importance de la P.Q.R • où l’on pardonne à l’auteur de la recension • grandeur consécutive d’Allah

Ce livre est édité par les bons soins réunis harmonieusement de la maison Julliard et du groupe de presse régionale « La Montagne – Centre France ». Il débute par une préface de Jean-Pierre Caillard, directeur de ce même groupe qui a l’élégance de livrer une préface courte où il ne s’étend pas excessivement sur la naissance de son goût pour Alexandre Vialatte, ses ressemblances avec l’écrivain : s’il fréquentait le même coiffeur ou la même manucure, et autres détails fondamentaux.

Tout au long de 2011, déclarée « année Vialatte », le journal La Montagne a publié treize chroniques choisies par des auteurs admirant Vialatte, celles-ci sont rassemblés dans le recueil paru chez Julliard avec treize autres textes, ce qui nous en fait donc vingt-six à lire, heureux veinards que nous sommes mais inconscients de notre bonheur futur quant à ceux qui n’ont pas encore lu Alexandre.

« Heureux lecteur qui va découvrir Vialatte… ».

Ainsi commence avec raison Jacques Perret quand il parle du génial Alexandre qui s’amuse avec les mots, les idées, les lieux communs et ses lecteurs sans se moquer d’eux.

Il y a de nombreuses ressemblances entre « les Hussards », appellation un rien abusive donnée à ce groupe d’écrivains par un écrivain qui en était finalement un autre, Bernard Frank, sans « c » avant le « k » tenons-nous à préciser pour éviter l’ire des lecteurs pointilleux, comme si c’était une école littéraire imposant des normes et standards de pensée, ou d’écriture, ce qui n’était absolument pas le cas, la seule chose que ces auteurs ayant vraiment en commun étant un goût certain pour la liberté, une certaine légèreté complètement futile donc fondamentale, insupportable donc aux yeux des esprits forts.

Vialatte est un amoureux de la littérature, un passionné, et c’est aussi un écrivain qui ne sombre pas une seconde dans l’esprit de sérieux, il préfère de loin se laisser aller à la joie du « Gai Savoir », s’amuser et ne pas laisser son égo se gonfler d’orgueil et de vanité mêlés. Il aborde tous les sujets, se pique de parler de tout, en dilettante érudit et moqueur, n’ayant rien à vendre comme vulgate idéologique ou économique, ce n’est pas un croisé de sa cause, seule compte l’écriture.

Monsieur Vialatte aurait évité en 2011 de se prendre pour un Jérémie pleurnichard ou un moralisateur fébrile, tout enflé de son importance. Il savait de toutes manières que la vanité existe de toute éternité comme il eut dit.

Comme d’autres quadragénaires, il est donc logique que j’en parle car il est mort il y a exactement quarante ans, j’ai découvert Vialatte grâce à Pierre Desproges qui le cite souvent parmi ses écrivains préférés, avec Marcel Aymé, qui arrive toujours à le placer dans ses textes, mais lui sans omettre de préciser la source contrairement à d’autres littérateurs qui ont toujours du mal à avouer la provenance de leur inspiration et qui donc pêchent par excès, sans doute de modestie, ils ont peur d’étaler leur culture je suppose.

Vialatte fut le traducteur en France de Thomas Mann, Nietzsche et fit découvrir Kafka. Il a également écrit quelques romans et poésies, et surtout il fut chroniqueur pour La Montagne, ces chroniques étant une excellente introduction au reste de son œuvre ce qui devrait montrer aux lecteurs modernes blasés et souvent porteurs de mèches désabusés que la lecture de la P.Q.R ou « Presse Quotidienne Régionale » peut parfois réserver d’heureuses surprises aux curieux.

Bien sûr, on pardonnera à l’auteur de cette recension de s’être inspiré de la mise en forme des chroniques de Vialatte pour ce petit texte, considérons cela comme un hommage, ce qui nous permet de montrer la miséricorde du Très Haut du miséricordieux, et de montrer que c’est ainsi qu’Allah est grand !
viva vialatte 10 étoiles

La Montagne, journal des auvergnats. C'est dans ce quotidien régional qu'Alexandre Vialatte écrivit, à partir de 1952, pas loin de neuf cent chroniques hebdomadaires, qui firent sa renommée, et celle du journal par la même occasion. "Alexandre Vialatte à La Montagne" nous en présente treize, sélectionnées par la rédaction du journal et quelques membres du fan-club du célèbre écrivain. On y appréciera, au choix, sa liberté de ton, permise par son peu de goût pour les mondanités, son humour si particulier, sa perception aiguë des petits travers de la gent littéraire, son observation attentive des us et coutumes de ses concitoyens, et par-dessus tout ce style inimitable, n'hésitant pas à manier paradoxes et incongruités. En guise de signature, le leitmotiv "Et c'est ainsi qu'Allah est grand" nous renvoie à notre petitesse devant ces mille et une choses qui nous échappent et que l'écrivain tente de fixer sur la page, pour notre plus grand plaisir…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 27 mai 2017