Les désorientés de Amin Maalouf

Les désorientés de Amin Maalouf

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Moyen Orient , Littérature => Arabe

Critiqué par Tanneguy, le 22 octobre 2012 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (762ème position).
Visites : 11 764 

Pourront-ils se réorienter ?...

…et se réapproprier l’Orient ?

C’est finalement la question que pose Amin Maalouf dans ce roman remarquablement construit, écrit avec finesse et précision. Sa réponse, ou plutôt les éléments de réponse qu’il propose ne reflètent guère l’optimisme ; mais il garde espoir.

Adam, le personnage principal, a quitté le Liban (l’auteur parle du Levant, à juste titre, comme Sémiramis, une des protagonistes, se dit originaire de Mésopotamie…) il y a 25 ans et s’est parfaitement adapté à la vie parisienne lorsqu’un coup de fil le tire du sommeil : son ancien ami resté à Beyrouth, avec lequel il s’est fâché définitivement, se meurt et le réclame à son chevet. Bien que n’ayant jamais remis les pieds dans son pays natal, il prend l’avion aussitôt mais arrivera trop tard…
Il restera quelque temps et renouera avec certains de ses amis plus ou moins perdus de vue. Tenant un journal précis de son séjour, il nous fera partager ses souvenirs des temps heureux comme des évènements auxquels il a échappé. Ses amis sont représentatifs de la diversité de ce Levant merveilleux, races, religions… A l’occasion des échanges l’auteur nous donne des pistes pour mieux comprendre les problèmes qui nous agitent actuellement : les Arabes et l’Occident, la présence de la religion dans les relations entre individus, entre peuples…

Merveilleux Amin Maalouf ! Il a déjà abordé ces sujets dans des ouvrages antérieurs (Le dérèglement du monde par exemple), mais un roman est beaucoup plus vivant

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Les désordres de l'Orient compliqué

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 30 novembre 2023

Un groupe d'étudiants devient très soudé, et une belle amitié les lie, avant que les guerres civiles et conflits internes au Liban les disperse. Des contacts continuent d'être tissés, mais à distance ou via des rendez-vous plus ou moins ponctuels.
Ce roman met en scène les relations humaines et un sens de l'aménité dans cet Orient compliqué, selon l'expression de De Gaulle. Sa trame narrative en est rendue touffue, La géopolitique complique les vies personnelles, les conflits religieux ou communautaires les abiment. Ce livre le montre joliment et tragiquement à la fois.

Retour au pays

7 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 30 décembre 2019

Les désorientés, c’est ce groupe d’étudiants, si proches les uns des autres, que les guerres du Liban ont dispersés, chacun vers son destin propre. Le narrateur revient dans son pays d’origine, appelé par son ami Mourad agonisant. Arrivé trop tard pour lui parler, mais pas trop tard pour renouer les fils de l’amitié et revisiter les événements passés jusqu’à leurs conséquences actuelles. Et pourquoi ne pas tenter de regrouper les survivants pour tenter de retrouver l’ambiance passée ?
Un livre sur l’amitié, la trahison, la culpabilité, l’exil, l’identité… mais malgré les sujets abordés, il se lit bien, sans doute parce qu’il est un peu superficiel parfois. On regrettera le thème classique des retrouvailles après des années, la construction un peu artificielle, les personnages soigneusement répartis entre les différentes religions (y compris l’incroyance), entre les différents continents, entre les différents secteurs économiques ou couches sociales et entre les différentes pratiques sexuelles. Un livre avec une vraie sensibilité, mais un peu trop didactique avec des ficelles parfois un peu grosses.

A découvrir

10 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 26 février 2019

Bonjour les lecteurs ...

C'est avec ce livre que je découvre la plume d'Amin Maalouf et je le referme à la fois ravie ( Amin Maalouf est un conteur extraordinaire ) et triste ( j'aurais bien continué à fréquenter ce groupe d'amis ).

L'histoire de base est simple. C'est celle d'Adam, la cinquantaine, historien exilé à Paris qui rentre au pays ( le Liban mais qui ne sera jamais nommé ), après 25 ans d'absence, espérant voir une dernière fois son "ancien " ami Mourad qui se meurt et avec lequel est est brouillé depuis des années.
Adam arrivera trop tard.
Tania, la veuve de Mourad, demande à Adam de réunir tous leurs anciens amis qui se trouvent soit su place, soit exilés.
Adam relève le défi.
Le récit raconte les 16 jours de ce retour au pays..
Les retrouvailles avec ceux qui sont restés, les souvenirs des uns et des autres, les choix qui se sont imposés.
Les contacts se renouent, les exilés arrivent.. tous sont prêts pour se revoir et faire la fête comme au bon vieux temps. Le temps " d'avant les événements ".
Rien ne va se passer comme Adam l'espérait...

J'ai adoré l'écriture d'Amin Maalouf.

Sous le prétexte de nous raconter une histoire banale d'un abord facile, il nous parle de ce Proche-Orient qu'il a tant aimé et dont il s'est éloigné.
Il nous parle des guerres israélo-arabes, des difficultés de faire certains choix (partir ou rester ? )
Il nous parle de l'exil qui n'est pas toujours compris et pas toujours facile à gérer, de la recherche d'identité.
Il nous parle de religions.
Il nous parle des désillusions de toute une génération.
Mais surtout, il nous parle de l'amitié.

En grande partie inspiré de la propre jeunesse de l'auteur, ce récit est celui d'un exilé, d'un " dés-orienté" qui revient au pays, qui retrouve son Orient tant aimé.

Liban en déréliction

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 23 mars 2016

C’est par un roman que passe Amin Maalouf pour nous livrer sa vision de la lente déréliction de ce pauvre pays depuis … longtemps, mais disons depuis 25 ans pour ce roman puisqu’Adam, Libanais ayant quitté le pays y revient pour recueillir le dernier souffle de Mourad, son ami de jeunesse avec lequel il était totalement brouillé.
Oui, c’est ça le thème des « désorientés » ; le retour au pays 25 ans après d’un qui l’a quitté brouillé et qui fait son introspection en revenant. C’est ça et un peu plus aussi puisqu’il s’agit d’un roman. Pas précisément d’un roman d’action mais bien d’un roman d’introspection : l’introspection du Liban.

« Jeudi, en s’endormant, Adam ne pensait pas que le lendemain même il s’envolerait vers le pays de ses origines, après des lustres d’éloignement volontaire, et pour se rendre auprès d’un homme à qui il s’était promis de ne plus adresser la parole.
Mais l’épouse de Mourad avait su trouver les mots imparables :
« Ton ami va mourir. Il demande à te voir. » »

« Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples. » Ca, ce n’est pas d’Amin Maalouf mais du Général de Gaulle ! Que l’Orient soit compliqué, chacun en conviendra. Il en est souvent des contrées au lourd fardeau d’histoire. Qu’on puisse y voler avec des idées simples, ce n’est certainement pas ce que pense Adam en train de voler entre Paris et ce pays innommé mais dont il est transparent, de par l’origine de l’auteur, de par l’histoire décrite, qu’il s’agit du Liban.
25 ans après, après l’idéalisme et la générosité de la jeunesse qui permettaient à de jeunes musulmans, juifs et chrétiens d’avoir une histoire commune, 25 ans après Adam revient donc, plutôt contraint et forcé, pour ne même pas recueillir le dernier souffle de Mourad. Trop tard. Mais au moins pour tenter d’organiser une retrouvaille avec tous eux qui se sont éparpillés en Europe, en Amérique du Sud, qui sont restés au Liban mais sont en réalité aux antipodes les uns des autres.
Pas didactique pour un sou, le parcours d’Adam pendant son court périple au pays va permettre à Amin Maalouf de tenter de nous montrer l’écheveau inextricable de la société libanaise. Une œuvre à la fois littéraire, psychologique et historienne …

Se réconcilier avec le passé et les différences qui nous séparent

9 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 21 juillet 2015

Adam se précipite dans son pays, qu'il a quitté il y a 25 ans sans jamais y retourner, pour soutenir son ami mourant, avec qui il s'est brouillé entre-temps. Ce pays n'est jamais cité (et Adam fait d'ailleurs à ce propos une allusion disant qu'il a peur de le citer), mais les guerres y ont sévi et les religions s'y côtoient tant bien que mal. Adam arrive juste trop tard : Mourad vient de mourir. A la demande de sa veuve, Adam tente de retrouver ses amis, qui formaient une bande d'intellectuels inséparables. Ils se sont éparpillés et la plupart ont émigré; ils se sont perdus de vue. Cette quête va l'amener à rester plus longtemps que prévu au pays et il consigne ses recherches par écrit, en bon écrivain et historien qu'il est. Les préparatifs des retrouvailles vont bon train, mais arrivera-t-il à convaincre tous les amis de se réunir ?
Toute cette quête et ces renouements avec le passé font ressurgir des questionnements existentiels : survivre impliquait-il automatiquement un certain collaborationnisme (comme pour Mourad) ? quels choix ces amis issus de communautés différentes ont-ils réellement eu pour pouvoir garder leur identité ? pourquoi la vie les a-t-elle séparés alors qu'ils s'entendaient si bien ? quelle est la part de déterminisme dans nos décisions ?
Le livre finit sur une chute abrupte sans donner beaucoup d'indices.
Comme toujours, Amin Maalouf aime philosopher sur les religions et la place de la foi dans nos sociétés. Il nous fait réfléchir sur le sens de l'histoire, avec des opinions affirmées tout en essayant de ne froisser personne. (J'aime ses analyses où il dénonce aussi bien le communisme que l'anticommunisme, l'islamisme radical que l'anti-islamisme radical, etc.)
Son style est magnifique, un vrai régal, mais peu convainquant quand il s'agit d'échanges épistolaires par mail rédigés dans un style beaucoup trop sophistiqué et littéraire pour être crédibles.
Ne cherchez pas l'action dans ce roman : il n'y en a pas; tout se trouve dans les dialogues oraux et écrits.
L'auteur confesse lui-même s'être inspiré de sa jeunesse pour la rédaction de ce livre.

Fin du livre décevante

6 étoiles

Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 36 ans) - 4 juin 2014

Le roman traite de retrouvailles d'anciens amis disséminés à travers le monde, pour cause d'exode durant la guerre au Liban, 25 ans plus tard.
A l'occasion d'un décès d'un des proches de cette bande d'amis, ils décident de se réunir et d'évoquer le temps de leur jeunesse.

Les portraits tirés sont intéressants, le roman fait voyager mais il y a des longueurs je trouve.

Gros point noir de l'ouvrage : la fin est beaucoup trop abrupte et décevante. On a l'impression que le roman est un peu bâclé sur la fin.

Les libanais dans le monde

9 étoiles

Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 13 mai 2014

Dans cette bande d'amis de jeunesse toutes les communautés politiques et religieuses du Liban sont représentées : un juif, un musulman, un chrétien, une poudre de communisme, un capitaliste. Que sont-ils devenus avec l’avancée dans l’âge et après la guerre, les évènements, l’exil ? Professeur, architecte, moine, intégriste. L’être humain change, évolue, s’adapte à son milieu et le retour aux sources est parfois contradictoire. J’ai mis du temps à comprendre pourquoi le nom du pays (le Liban) n’est pas cité implicitement : le pays qu’Adam a laissé pour partir en exil n’existe plus.


Le récit est une suite de rencontres, où chaque personnage confie les secrets enfouis et les chemins choisis dans la vie, ce qui rend l’histoire répétitive dans la forme mais le style est bien agencé, les horizons de ces personnages tellement pluriels et différents qu’ils rendent le livre prenant. Ce livre parle de fraternité, d’amitié, de disputes qui s’étalent sur une vie, du destin que l’Homme peut influencer (un tout petit peu), et de l’amour entre amis.

Remarquable

9 étoiles

Critique de Faonta (Etterbeek, Inscrit le 30 avril 2012, 89 ans) - 21 janvier 2014

et intéressant avec comme cadre le Liban ce pays extraordinaire carrefour de civilisation et de religions miné par les tragédies des derniers temps.

A la recherche du passé

10 étoiles

Critique de Sagittarius (Rouen, Inscrite le 29 juin 2013, 36 ans) - 20 octobre 2013

Adam a laissé derrière lui le Liban et vit en France où il a tout pour être heureux. Un jour, un coup de téléphone arrive et immédiatement il replonge dans son passé.
Une belle réflexion sur les origines, la religion, la politique, l'amour, les regrets, les choix, les doutes...
Une oeuvre complète avec une fin intéressante qui marque l'incertitude de l'avenir.
La narration interne et externe, par alternance, rythme parfaitement le récit.
L'histoire oscille entre nostalgie, questionnements et espoir.
Captivée du début à la fin.

Adam et ses identités

8 étoiles

Critique de Lisab (Bruxelles, Inscrite le 10 juillet 2012, 79 ans) - 18 mai 2013

Amin Maalouf, une fois de plus, nous parle de la richesse mais aussi des difficultés que représente le fait d’être imprégné de différentes cultures et d’identités multiples dont il nous a longuement parlé dans les « Identités meurtrières ».
Le héros, dont le prénom est Adam, comme s’il devait être le signe de quelque chose de neuf, retourne dans son pays natal à la demande d’un « ancien » ami à l’article de la mort. La vie les a séparés dans l’espace mais surtout dans leur vécu. Arrivé trop tard, Il essaie néanmoins de rassembler ses amis de jeunesse pour Retrouver son passé et le pays qu’il a quitté. Il tient un journal de ces seize jours passés en compagnie de la belle Sémiramis qui accueille avec cœur et désintéressement son ami de jadis dans sa quête identitaire.
Il ne cite jamais le Liban dont il aime les gens, les odeurs, les saveurs mais il est devenu un étranger à Beyrouth comme il l’est à Paris bien que la France soit devenue son pays d'adoption. Il se sent partout «invité » car « le pays dont l’absence m’attriste et m’obsède, ce n’est pas celui que j’ai connu dans ma jeunesse, c’est celui dont j’ai rêvé, et qui n’a jamais pu voir le jour ». C’est avec regret qu’il explique son émigration par le fait que « tout homme a le droit de partir, c’est son pays qui doit le persuader de rester » même si certains considèrent que c’est une trahison.

La trame romanesque est un peu légère et la fin un peu courte mais c’est avec sensibilité qu’il nous parle de l’identité, de l’amitié, de l’émigration, de religions, de communautés, de la Palestine, de l’amour, des « Désorientés », de la richesse, de la jalousie….. Bref, il aborde tous ces sujets avec finesse et tolérance car « tout être doté d’une conscience a l’obligation de juger mais je dose, je suspends mon amitié, je ne suis pas un donneur de leçon, l’observation du monde ne suscite en moi qu’un dialogue intérieur » et ce dialogue intérieur nous incite à réfléchir.

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