Mémoires de la rose de Consuelo de Saint-Exupéry

Mémoires de la rose de Consuelo de Saint-Exupéry

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Débézed, le 24 octobre 2012 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans)
La note : 8 étoiles
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La gloire ne se partage pas

Un petit bout de femme qui a donné son nom à une rose et un géant malhabile qui racontait les aventures d’un petit prince aux prises avec un renard, s’aimaient d’un amour fou mais le grand monsieur n’était pas très attentionné et guère plus fidèle, il délaissait sa petite femme venue d’un pays de volcans se faner sous le ciel de France, d’Espagne, d’Argentine ou du Maroc ou d’Amérique, partout où il la déposait en attendant qu’il revienne la chercher. Lui, Il s’envolait pour transporter du courrier, pour raconter ses aventures, pour rencontrer un petit prince et surtout pour retrouver d’autres femmes dont il tombait facilement amoureux.

C’est l’histoire d’amour de Consuelo, petite Salvadorienne, et de l’écrivain aviateur Antoine de Saint-Exupéry qui ont eu le coup de foudre - il la demanda en mariage dès leur première rencontre - à Buenos-Aires où l’aviateur dirigeait le bureau local de l’Aéropostale et où la petite Salvadorienne était invitée pour rendre hommage à son mari décédé, Enrique Gomez-Carillo, qui remplissait les fonctions de consul d’Argentine à Paris.

Consuelo a écrit ce texte qui est resté longtemps en souffrance dans une malle, directement en français. Son légataire universel, José Martinez-Fructuoso, a décidé de publier ces mémoires « pour le vingtième anniversaire de la disparition de Consuelo et le centième anniversaire de la naissance de son mari Antoine de Saint-Exupéry, j’ai pensé que le moment était venu de lui rendre hommage en lui redonnant la place exacte qu’elle avait toujours tenue à côté de celui qui écrivait avoir bâti sa vie sur cet amour. »

« Livre d’abord de l’attente. Car l’attente inaugure le récit des souvenirs et le clôt. » « Leur vie n’est qu’une suite de ruptures et de retrouvailles» sur fond de perpétuels déménagements volontaires ou imposés par les circonstances professionnelles ou historiques.

Dans ce texte Consuelo raconte la vie qu’elle a menée avec le célèbre écrivain, Il était un mari un peu rustre, possessif, égocentrique qui ne voulait pas contrarier sa mère hostile à son mariage avec cette étrangère, mais amoureux fou. C’était la rencontre de l’eau et du feu, elle aimait le calme et la campagne, c’était un hyperactif qui aimait la vie, la fête et qui n’avait aucune conscience du danger. Ils ont tutoyé la mort plusieurs fois, tous les deux, la maladie ne les épargna pas et lui, en bon pionnier, subit plusieurs accidents dont au moins un très grave. Ils ont connu la fortune et la disette, ils vivaient en fonction de l’argent dont ils disposaient et qu’ils dépensaient, surtout lui, sans souci du lendemain.

L’auteur du Petit Prince n’était qu’un vilain grand diable qui faisait souffrir sa petite princesse qu’il ne savait pas aimer comme elle le méritait. Elle voulait le quitter mais, à chaque fois, elle succombait à son amour fou pour ce géant maladroit qui ne pouvait pas vivre sans sa femme même quand il était entouré de jolies filles. Malgré une vie d’attente, de larmes, de crises de nerf, de disette, d’affront, d’humiliation, elle ne put jamais le quitter pour toujours même si la famille rejetait l’étrangère qui voulait s’accaparer le fils, surtout le frère, adulé ; sa belle-sœur voulait garder son frère pour elle. Une vie de sacrifice et d’humiliation, de bonheur et de joie, une vie hors du commun ancrée dans une période historique agitée, la légende d’une épouse malaimée qui a aimé son mari à la folie par delà tout ce qu’il lui a fait subir. Compréhension, acceptation et résignation étaient son lot mais elle était toujours prête à ouvrir ses bras ou son cœur pour sauver son héros souvent en détresse. « C’était notre amour, la fatalité de notre amour. » Et la gloire ne se partage pas.

Texte rempli de fraîcheur, plein de vie, émouvant, sensible, sincère, touchant qui ne cache rien mais surtout n’accable pas, un message d‘amour au-delà de la mort, un témoignage sur un amour plus fort que toutes les épreuves qu’elle a dû supporter stoïquement. « Un tel amour, c’était une grave maladie, une maladie dont on ne guérit jamais tout à fait. »

« Etre la femme d’un pilote, c’est un métier. Etre la femme d’un écrivain, c’est un sacerdoce. »

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