Le terroriste noir
de Tierno Monénembo

critiqué par Tanneguy, le 27 octobre 2012
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
Dommage...
Le sujet est intéressant : un tirailleur sénégalais (guinéen en fait), rescapé de la débâcle de juin 1940, atterrit dans un village perdu des Vosges, où il finira par devenir le chef de la Résistance locale, etc...

Il paraît que le cas n'est pas isolé ; pour ma part ayant vécu dans la région à cette époque, bien que très jeune, je n'en ai jamais entendu parler !

Bref, quoi qu'il en soit, je reproche d'abord à cet ouvrage son parti-pris rédactionnel. On met longtemps à comprendre qui est le narrateur, qui est son interlocuteur, le mystère n'apporte rien et ne fait qu'indisposer le lecteur. Par ailleurs les situations décrites sont très convenues et ne reflètent pas toujours ce que fut la réalité. Un tout petit exemple : l'auteur évoque les cigarettes Gitane maïs, mais il fallut attendre des années après la fin de la guerre pour que les fumeurs cessent de rouler leurs cigarettes, souvent d'ailleurs à partir de vieux mégots. C'est un détail, mais il m'a conduit à m'interroger : l'auteur a-t-il réellement travaillé son sujet ? Peut-il nous garantir la présence des SS ou de la Gestapo dans des villages aussi reculés ?

Il y a quand même des passages agréables, quelques personnages authentiques, mais ils ne suffisent pas à dissiper une certaine gêne.
Très bon roman 8 étoiles

Nous sommes dans un petit village des Vosges pendant la Seconde Guerre Mondiale. Addi Bâ est un jeune soldat guinéen retrouvé en très piteux état aux abords du village par ses habitants. Il est recueilli et soigné, bien que la crainte qu'il ne soit découvert par les Allemands et qu'il cause des ennuis aux habitants soit présente. En effet, un jeune homme de couleur dans ces contrées ne passe pas inaperçu! Pour beaucoup des habitants, c'est la première fois qu'ils croisent une personne de couleur. A la crainte du début succède une simple curiosité à son égard puis il intègre parfaitement la vie du village. 60 ans plus tard, c'est une femme du village, qui était jeune fille à l'époque, qui raconte son histoire à l'oncle d'Addi venu pour recevoir enfin la médaille tant méritée. Addi passe souvent ses journées à bicyclette et disparaît parfois plusieurs jours avant de revenir au village. Toute jeune fille naïve qu'elle était, la narratrice ne comprend que plus tard que ces escapades et disparitions étaient dues au fait qu'Addi mettait en place un maquis.

Ce roman, inspiré d'un histoire vraie, nous montre une facette de la guerre qui a été d'une grande injustice pour tout ces "tirailleurs sénégalais". Pour eux, point de reconnaissance, point de médaille, ou alors, bien longtemps après les faits. Pourtant, ce n'est pas eux qui ont le moins souffert durant ces guerres. Souvent envoyés au front pour servir de "chair à canon", ils n'ont malgré tout pas manqué de courage et de patriotisme. Ce livre, par son exemple, participe à la réhabilitation de ces hommes.

Le style d'écriture est simple, mais très agréable, proche du langage parlé, avec des expressions typiquement vosgiennes. Il rend également bien l'ambiance de ce petit village isolé des Vosges.

Un très bon roman , que je conseille vivement.

PA57 - - 41 ans - 12 février 2013