Un certain mois d'avril à Adana
de Daniel Arsand

critiqué par PA57, le 3 novembre 2012
( - 41 ans)


La note:  étoiles
Début du génocide arménien
Adana, avril 1909. Adana est une ville située dans l'empire turc, et deux religions y cohabitent assez bien : les Turcs musulmans et les Arméniens chrétiens. Les deux peuples vivent plutôt bien ensemble, malgré quelques conflits. Certains sont amis malgré les différences, mais tout de même, ne se "mélangent" pas de trop. Les mariages inter religion sont très mal vus, voire interdits des deux côtés. Petit conflit après petit conflit, la région s'enflamme, conduisant aux débuts du génocide arménien. Les autorités locales ne font rien pour apaiser les esprits ; au contraire, elles les échauffent et donnent tous droits au génocide.

L'on suit plusieurs personnages tout au long de ce livre, notamment les membres d'une famille de joailliers, les Papazian. Vahan Papazian, un jeune homme d'Adana exilé à Constantinople, revient au pays. Juste au moment où il revient, le conflit commence à prendre de l'ampleur et l'affrontement devient inévitable. Malgré tout, beaucoup d'Arméniens pensent que, comme d'habitude, les tensions vont s'apaiser. Personne, ou presque, ne pense à fuir avant qu'il ne soit trop tard.

Les personnages ne sont pas fouillés, mais j'ai trouvé que ce n'était en rien un point négatif. Cela donne plutôt l'impression d'assister, mais de loin, à ce qui s'est passé.

Plus qu'un roman, cet écrit est un vrai poème, ou plutôt, un chant épique. Le style d'écriture est vraiment particulier, parfois très concis et sec (cela donne un peu l'impression que les mots arrivent comme une rafale de mitraillette), et parfois sous forme d'une très longue phrase, mal ponctuée, mais qui rend bien la cohue qui règne. Les chapitres, sont très très courts, ce qui rend la lecture rapide.

Il n'est jamais facile de parler de périodes aussi sensibles de l'Histoire dans des romans, mais Arsand réussi ici à en parler, très joliment d'ailleurs, sans tomber dans la sensiblerie.

Un vrai coup de coeur.