Nat Tate : Un artiste américain, 1928-1960
de William Boyd

critiqué par Bolcho, le 20 décembre 2002
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Tout Faux !
Attention ! Ce qui suit n'est pas une VRAIE recension du bouquin de William Boyd. Et, non, ce n'est pas une pipe non plus. Pourquoi me demandez-vous ça ? William Boyd est l’auteur de plusieurs romans (« Un Anglais sous les tropiques », « Comme neige au soleil » et d’autres) qui ont enchanté pas mal d'entre-nous. C'est un écrivain « qui compte ». Cette fois-ci, peut-être a-t-il aussi compté…ses sous.
Il nous propose la biographie de Nat Tate, peintre américain qui vécut dans les années 50. Mais c'est du pipeau. La 4 de couverture et l’avertissement nous signalent que la biographie du peintre Nat Tate est une pure invention. Bon. A quoi cela sert-il de faire ça ? Boyd dit lui-même que ce qui l'a intéressé est moins l'aspect canular que « la possibilité de fabriquer quelque chose d’étonnamment réel à partir d’une totale invention ». On n'a pas vraiment l’impression d'une découverte renversante.
Le canular a fonctionné lors de la première édition. J'aime à imaginer que cette première édition en forme de canular n’a jamais existé. Que le canular est en fait dans cette édition-ci et que Nat Tate existe vraiment, tout compte fait. Après tout, ma méconnaissance des milieux de la peinture aurait pu me faire croire à l’existence de Tate. Elle peut aussi bien me faire croire à sa non-existence. Bon, sans doute ne me suivez-vous plus du tout. La morale de tout ça, la voici. Tout est possible. C'est non. C’est oui. C'est les deux à la fois. Et de toute façon, que ce soit en peinture ou dans d’autres domaines, le faux vaut souvent le vrai. On nous avait montré de faux charniers dans les Balkans et on nous avait caché les vrais. On nous parle aujourd'hui de fausses armes de destruction massive. Tous les jours. On finira pas y croire, ce qui permettra aux vraies armes de destruction massive d'entrer en action lorsque les USA l’auront décidé. Et, tous les jours, on empêche des attentats d’Al-Quaida. Des centaines d'attentats à ce jour. Pour avoir l'air d'être vrai, le faux doit en mettre une très grosse couche ; il doit entrer en compétition avec la fiction pour prendre des airs crédibles. Parce que, en définitive, nous préférons la fiction, elle est devenue la mesure du vrai. Mais (tiens ?) on ne parle jamais des enjeux pétroliers (très vrais, eux). Comme quoi le vrai est parfois beaucoup plus laid que le faux. Moins présentable. Je vous l'avais bien dit que ce n'était pas une VRAIE recension : cela m’autorisait tous les égarements. Ce qui compte, ce n’est pas ce qui est vrai ou faux, c'est ce que les gens décident de croire. Voilà ce que nous dit Boyd. Et cette biographie est plus vraie que nature. Aussi barbante que toutes les biographies du même genre. D'accord, on sent que Boyd se moque des milieux branchés et cela nous tire parfois un sourire, notamment du fait des illustrations diverses. Mais l'impression générale d'inutilité recouvre le tout. Disons que c’est une curiosité boydienne.