New York Trilogie, Tome 2 : L'Immeuble de Will Eisner

New York Trilogie, Tome 2 : L'Immeuble de Will Eisner
(New York : life in the the big city)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Humour , Bande dessinée => Comics

Critiqué par Blue Boy, le 6 novembre 2012 (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans)
La note : 8 étoiles
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L’âme des vieux murs

Ce deuxième tome est en quelque sorte une « étude archéologique » de New York, comme le dit lui-même Eisner. Dans la première partie, l’auteur s’intéresse à un vieil immeuble ressemblant étrangement au célèbre Flatiron Building, qui a été détruit pour laisser place à un building de verre sans âme, imaginant les gens qui ont pu laisser un peu ou beaucoup de leur histoire à ses pieds. Ainsi, l’auteur nous conte quatre petites fables, quatre histoires de fantômes urbains liés d’une façon ou d’une autre à cet immeuble, des inconnus aux destins aussi tragiques que différents.
La deuxième partie est consacrée aux éléments indissociables de la vie d’une mégapole, principalement l’espace et le temps qui contribuent à transformer de manière inéluctable l’espèce urbaine. Plusieurs saynètes viennent illustrer ce phénomène, révélant tout l’humour et la finesse d’observation de son auteur.

New Yorkais dans l’âme, Will Eisner a promené dans Big Apple son carnet de croquis pour nous faire partager, grâce à son talent d’observateur secondé par un coup de crayon vif et précis, des anecdotes sur la vie de ses habitants, sans cesse confrontés à la course effrénée du temps, aux contraintes de l’espace, et aux menaces de déchéance sociale, autant de facteurs beaucoup plus prégnants en milieu urbain. C’est drôle, souvent grinçant voire tragi-comique. L’auteur se moque gentiment de ces pauvres citadins empêtrés dans leur recherche illusoire d’une vie meilleure, et dénonce indirectement l’asservissement d’un système fondé sur les inégalités tels que celui qui domine à New York comme dans le reste des USA. Certaines scènes m’ont bien fait marrer, notamment celle avec ce provincial fraichement débarqué qui finira contre son gré par marcher comme tout le monde, d’un pas rapide et tête en avant, emporté par le flux incessant des citadins pressés. Le découpage est toujours très efficace, on a parfois l’impression de regarder un dessin animé, et la mise en page est vraiment étonnante, au point de rompre avec les codes de la bédé les plus courants. En cela, Eisner est un peu un maître du temps et de l’espace, et cela n’est sans doute pas par hasard s’il a aujourd’hui atteint ce niveau de reconnaissance avec un prix qui porte son nom.

Un très léger bémol notamment grâce à une ou deux bizarreries, notamment à la fin de la première partie dans la scène où le laveur de vitres fait une chute, qui selon moi dure un peu trop longtemps par rapport à la hauteur qui le sépare du sol. Difficile pourtant d’en vouloir à son auteur, dont l’incontestable talent narratif et poétique fait oublier de telles approximations. Et après tout, c’est un peu pareil dans les dessins animés…

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