Park Life
de Shuichi Yoshida

critiqué par Sundernono, le 7 novembre 2012
(Nice - 40 ans)


La note:  étoiles
Hibiya Park
La littérature japonaise a cela de particulier qu'elle nous ouvre de nouveaux horizons, nous offre de nouveaux styles, des points de vue différents sur un monde étranger pour nous occidentaux : Park Life en est une excellente illustration.

Ce petit roman si simple, sorte de tranche de vie tokyoïte, s'articule autour d'un parc, Hibiya Park, que le lecteur pénètre par l'intermédiaire d'un jeune employé dont nous ne saurons jamais le nom. Le narrateur masculin qui vit près du parc de Komazawa et travaille non loin du parc de Hibiya fait la navette entre les deux par le métro. S'ensuivent de multiples situations, réflexions, discussions et finalement peu de chose se passe, mais là n'est sûrement pas l’essentiel. On suit avec plaisir les pérégrinations du personnage central, sa vie, ses pensées, son histoire et surtout ses rencontres.

Je dois avouer que ce petit roman m'a vraiment accroché, sa finesse, son côté parfois décalé mais surtout son style, finalement si simple, mais la simplicité n'est-ce pas ce qu'il y a de plus difficile à obtenir en littérature ?
Park Life permet également de découvrir une nouvelle face du Japon, loin des histoires de yakuzas, de salarymen débordés, de geeks... Yoshida Shuichi a vraiment donné un charme particulier à son récit, comme une parenthèse dans un Tokyo toujours en effervescence. La mégalopole n'est pas loin, les buildings cernent l'horizon, mais dans ce parc clos et protégé se jouent les aventures qui donnent son goût unique à l'existence, la petite musique d'un grand parc au milieu d'une immense capitale.

Prix Akutagawa 2002 (équivalent de notre Goncourt)
Ephèmere 8 étoiles

Le narrateur, un employé, passe le plus clair de son temps à fréquenter certains habitués du parc de Hibiya à Tôkyô, dont une jeune fille rencontrée dans le métro, un vieux bonhomme qui essaie de faire voler un aérostat,… ; mais également Lagerfeld, un ouistiti dont il a la charge, sa mère qui ne fait que passer et qui lui dit « ne t’occupe pas de moi fais comme si je n’étais pas là ».
Une atmosphère étrange qui plaît tant aux Japonais car il semble bien que la littérature nippone se délecte de ces petites choses insignifiantes qui peuplent nos vies et en donne des couleurs, éphémères.

Se lit rapidement et avec un certain intérêt.
« Park life « a été couronné en 2002 du prix Akutagawa, le Goncourt Japonais.


Extraits :

- On dit que dès qu’il (le futur bébé), dans le ventre, on l’aime déjà trop. Mais c’est faux. Quand il est là, dans le ventre, c’est un simple corps étranger. Comme si quelqu’un vous avait bourré par force de quelque chose … Mais dès que le bébé est séparé de mon corps, il est à moi, hein ? Ce bébé est une partie de mon corps, c’est le sentiment qui vous vient. Aussitôt après la séparation, je suis le bébé, et le bébé est moi. Le bébé est une partie de moi, et je suis une partie du bébé.

- « Tenir sur un pied en ouvrant les yeux ». A vingt ans, on peut tenir debout près d’une minute et demi, mais à soixante-dix ans, seulement quinze secondes.

Catinus - Liège - 73 ans - 18 juin 2013