Salvatore Gucciardo
de Anita Nardon

critiqué par Kinbote, le 26 décembre 2002
(Jumet - 65 ans)

La note: étoiles

Une peinture des confins ardente et apaisée

Un livre d’art d’une belle facture, au format très maniable, avec un texte tout en retrait signé Anita Nardon. Car il donne tous les éléments pour entrer sans forcer le regard et l’entendement du lecteur dans l’univers de ce peintre singulier : paysagiste de l’infini, portraitiste de l’humaine et douloureuse condition.
D’abord les éléments biographiques : le parcours de ce Sicilien né en 47 à Siculiana mais de Charleroi depuis 1955 où « il vit et se sent chez lui, totalement ». Omniprésent sur la scène picturale et aussi revuistique depuis 1975, l'époque où Aubin Pasque le fait entrer dans le groupe "Fantasmagie", il fut soutenu jusqu’au bout par Stephane Rey/Thomas Owen. Les titres, expos (40 expos individuelles) et récompenses, comme l'écrit Nardon, « ne lui montent pas à la tête, il regarde sereinement sa palette et la surface à peindre » avec le seul souci de poursuivre un travail inlassable « vers les astres de paix ».

Vingt reproductions (la plupart en couleurs) permettent d'éprouver au fil de la lecture les mots de la critique d'art et de contempler les étendues d'une « géographie onirique » de plus en plus lumineuse - entre les feux d’ocre et les bleus d’eaux – et tournée vers l'aube, exprimant effectivement un sentiment général d'harmonie, un nocturne apaisement comme après un jour de cataclysme. Un monde d’équilibre stable et de formes parfaites comme seuls les astres habilités à naviguer, dans leur course céleste, entre diverses forces gravitationnelles peuvent en donner une belle image. De celles qui peuplent l’imaginaire habité du peintre.

Dans des propos récents, David Lynch déclarait qu’il y a au fond de l’homme plus d'espace que de matière. Ce beau livre en fournit une remarquable illustration.

Un grand parmi les peintres d'aujourd'hui

L'ami Kinbote a bien décrit ce qu'est ce beau livre d'art. On y découvre les reproductions d'oeuvres de salvatore GUCCIARDI que je considère comme un grand de la peintre. Pour deux motifs : parce qu'il possède la technique et parce qu'il est très humain. Au-delà même de l'humain. C'est un philosophe et un sage. Et c'est rare de nos jours. Il marche, pas après pas, tranquille, certain de ce qu'il produit, sans "gloriole" aucune. Il nous offre un vision poétique et cosmique en communion avec l'être humain, être humain tout au centre de son oeuvre.
J'aime particulièrement les tableaux consacrés à la "lumière". Je retiens : "La naissance de la lumière", huile en 80 X 123, dans laquelle s'opposent une gamme de bleus et des "terres" plus colorées ; j'y trouve aussi beaucoup de délicatesse avec un tracé de "voyage" en blanc. C'est beau. Cela me suffit. Je retiens aussi : "La lumière insolite" en huile, 50 X 60, dans le même style, mais le mystère - en plus - est présent. Et cette lumière insolite est devenue "absolu", car représentée par des ondes ; cette mathématisation de la lumière m'intéresse beaucoup.
On ne doit pas souhaiter à ce grand peintre plein succès, celui-ci est là déjà : il suffit de lire la liste de ses expositions réalisées au niveau international, sans oublier toutes les critiques élogieuses dont il est le bénéficiaire.
J'ajouterai peut-être aussi : un homme au grand coeur...

Thomas Fors - Beloeil - 88 ans - 26 février 2003