Le prix de l'inégalité
de Joseph Eugene Stiglitz

critiqué par Vince92, le 27 février 2013
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Un bon constat, des bonnes solutions?
Joseph Stiglitz, prix Nobel d'Economie, expose dans un livre de presque 400 pages sa vision de la crise, qu'il nomme Grande Récession, d'une manière simple et pédagogique.

Afin de comprendre ce texte il faut néanmoins posséder quelques notions d'économie politique car il est question de politiques monétaires, budgétaires, du mécanisme de l’inflation, rationalité des agents économiques, etc...

La thèse de Stiglitz est qu'aux Etats-Unis, la crise provient des agissements d'une minorité privilégiée, 1% de la population. En cherchant l'économie de rente, cette minorité change les règles du marché, de la démocratie, des lois de la bonne gouvernance d'un pays, les Etats-Unis donc, qui ne sera bientôt plus le pays de l'égalité des chances...

Très marquée à gauche, la thèse de Stiglitz n'est sans aucun doute pas dénuée d'une certaine part de vérité: les rênes du pouvoir économique et politique sont détenues par une oligarchie mondiale qui met tout son poids pour influencer les règles du jeu démocratico-capitaliste dans son camp.

Cependant, la critique de Stiglitz, et les solutions qu'il apporte à la crise économique et de démocratie que rencontrent les Etats-Unis et le reste du monde épargne un peu trop les 99% Car enfin, qui est responsable de la bulle immobilière aux Etats-Unis, et en Espagne... de l'endettement excessif, de la passivité politique, de la destruction du syndicalisme si ce ne sont ces 99%...

Il y a un peu trop de confiance dans l'action étatique, dans les mécanismes fiscaux et de régulation par la politique monétaire. Les sociétés occidentales, démocratiques et libérales souffrent d'une chose, de la perte d'une conscience collective, de la force de la jeunesse, pourries qu'elles sont par le consumérisme outrancier. Et ça, Stiglitz ne l'évoque jamais.
Un ouvrage vraiment indispensable... 9 étoiles

Même dans nos sociétés dites « démocratiques » les 1% les plus riches mènent la barque à leur guise, parce qu'ils possèdent les médias et qu'ils achètent les élus. C'est sans doute aux États-Unis que le constat est le plus terrible, mais nos pays n'échappent pas au phénomène.
Stiglitz le décrit dans tous ses détails - donnant au passage des chiffres sur l'inégalité qui font frémir (exemple : le 1% des ménages le plus riche a 225 fois la fortune de l'Américain ordinaire) – et il propose des solutions, non pas pour parvenir à l'égalité (Stiglitz n'est pas un révolutionnaire...) mais pour résorber en partie les écarts afin de parvenir à une société plus juste, et donc plus efficace.
Au passage, l'auteur met à mal une bonne quantité de mythes colportés par les partis de droite.
Il faut avouer que ce bouquin nécessite une lecture particulièrement attentive, mais il reste à la portée de non spécialistes.
Et il est nécessaire !

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 25 janvier 2016


Un ouvrage indispensable 9 étoiles

Certes, la macro-économie est une matière souvent aride, voire difficilement compréhensible. Stiglitz sait la rendre abordable. Il explique, démontre, justifie, le tout dans un langage à la portée de tous. Souvent, il revient sur un thème abordé précédemment, pour le compléter, pour aller plus loin.
Le livre concerne essentiellement l'économie – catastrophique – des États Unis. Mais l'Europe n'est pas oubliée (la France entre autres). On transpose aisément les raisonnements, pour hélas arriver à la triste conclusion que nos gouvernants appliquent avec une froideur totalement déshumanisée des politiques qui nous ont conduits là où nous en sommes, et que les espoirs d'amélioration sont quasi inexistants. Le livre de Stiglitz ne se termine d'ailleurs pas sur une note d'espoir.
L'objection formulée par Vince92 est très pertinente, et on peut effectivement se dire que si les « 99 % » avaient un comportement moins passif, les choses pourraient changer. Stiglitz a bien compris ce point, et il le développe de manière très complète dans son chapitre 5, mais pour arriver à la conclusion que malheureusement les conditions pour ce changement n'existent pas.
Pour profiter pleinement de ce livre et de son exceptionnelle richesse, j'ai choisi de ne lire que 15 à 20 pages par jour. Cela évite la sur-dose, et permet surtout de prendre le temps de bien intégrer tout ce que l'auteur cherche à nous faire comprendre. A ce rythme, la lecture s'assimile.
Un ouvrage que je n'hésiterai pas à qualifier d'exceptionnel, et qui devrait faire partie de tout cursus étudiant. Ce qui ne risque pas d'arriver, car si les 99 % se mettent à comprendre...
Pourtant, chacun a la liberté de lire ce livre, ce qui lui évitera au moins la naïveté de croire au verbiage malhonnête de nos politiciens, de quelque bord qu'ils soient.

Bernard2 - DAX - 75 ans - 18 avril 2014