Paris 1926 : La Société de minuit
de Ludwig Hohl

critiqué par TRIEB, le 12 novembre 2012
(BOULOGNE-BILLANCOURT - 73 ans)


La note:  étoiles
MINUIT A PARIS
Certains ouvrages de la littérature contemporaine se sont rendus célèbres par la description de l’errance, de la souffrance, ou la restitution d’un mode de vie des quartiers populaires de grandes métropoles. C’est le cas de Voyage au bout de la nuit de Céline ou de Berlin Alexanderplatz de Doeblin.

Le récit de Ludwig Hohl PARIS 1926 semble se situer entre ces deux exemples . L’auteur y décrit la vie dans le Paris de l’entre-deux-guerres , menée par lui-même et ses amis : Gerard Van Eck , peintre néerlandais, Carl Blohm , peintre allemand , Kurt Muller, ami d’enfance de Ludwig Hohl , Gertrud Luder, petite amie de la période parisienne de l’auteur et bien d’autres personnages , hauts en couleur .

Il n’y a pas, dans le récit de Hohl, d’allusions à des personnages du monde artistique connu, ou en voie de l’être ayant fréquenté le milieu de la bohème des années vingt. En revanche, le récit fourmille de description du Paris de l’époque : le tumulte des Halles à l’aube, la misère des habitants de la rue Mouffetard, le pittoresque du Boulevard de la Villette.
Les aspects de la vie nocturne à Paris sont évoqués avec force détails : les prostituées qui accostent les clients dans les bars louches, les conversations interminables menées jusqu’au petit matin à La Rotonde ou au Sélect, cafés de Montparnasse considérés alors comme le centre névralgique du Paris bohème. Ces échanges portent l’auteur vers des constats sévères . Ainsi énonce –t-il à propos de l’un de ses amis, Alder : « Alder est très intelligent, mais rationnel et sans talent particulier . Cet homme moyen n’est pas complètement un homme moyen dans la mesure où il souffre de ne pas être autrement . Mais cette souffrance n’est jamais grande, sinon il ne serait pas un homme moyen. »

D’autres échanges conduits entre Ludwig Hohl et ses amis, ainsi sur le rôle du travail : « Le travail vainc-t-il de façon juste et véritable tous mes tourments, ou est-il seulement une issue de secours qu’on emprunte sous le coup d’une immense détresse ou par lâcheté ? »
L’ouvrage de Ludwig Hohl est à découvrir : il rappelle que la bohème, c’est une errance, une marginalité assumée, une souffrance, autant qu’une posture.