L'assassin
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 13 novembre 2012
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Pour un demi-florin ...

A se demander si le docteur Kupérus n’a pas assassiné Schutter – et tant qu’il y était sa propre femme – tout simplement pour devenir enfin le président du club de billard … Bon ! ces deux là étaient amants mais ce n’est tout de même pas une raison... Et puis le pompon dans cette histoire c’est ce Karl, un clandestin allemand, l’ami de Neel, la bonne de la maison, qui a trouvé refuge dans la mansarde … Bon à savoir aussi : à un demi-florin près, la vie de Kupérus eut été différente …Le roman se déroule dans la Frise hollandaise.

Extraits :

- Vous avez vécu soixante-quatre ans, n’est-ce pas ? Tout le monde n’a pas cette chance-là.

- Un vicieux, l’homme qui avait vécu quarante-cinq ans sans commettre la moindre mauvaise action (…)
Un vicieux, qui avait vécu quinze ans dans la même maison, à ne se préoccuper que de la rendre plus gaie et plus confortable (…)
Un vicieux, dont toute l’ambition avait été devenir président de son cercle à la place de Schutter (…)
Un vicieux qui se relevait jusqu’à vingt nuit par mois pour aller faire des accouchements (…)
Décrépitude d’un assassin. 8 étoiles

Même s’il a assaisonné froidement sa femme et son amant, notre gugusse n’échappera pas à la fadeur de son destin, rappelant le proverbe « La vengeance est un plat qui se mange froid ».
Aussi, si aujourd’hui il est évident qu’il vaut mieux être cocu que coco* car dans le premier cas, c’est tellement devenu courant de s’envoyer en l’air avec sa voisine du 7ème ou de tirer un petit coup dans le cave avec son voisin, qu’une vie de couple normale à la Hollande peut paraître suspecte… Tandis que dans le second cas, (sans programme commun et il est vrai) et de plus, très minoritaire ça passe inaperçu ! Mais il fût un temps fatalisas, où ça ne badinait pas… Où il fallait vraiment, que nos deux amants comme deux aimants soient sacrément attirés l’un vers l’autre, pour risquer une partie de jambes en l’air, avant peut-être de partir les pieds devant… Comme c’est le cas ici, dans ce roman où notre escargot* est refait non seulement par sa femme…
*Diminutif de Communiste.
*Cocu dans le sud-ouest de la France.

Pierrot - Villeurbanne - 73 ans - 7 mars 2019


Un demi-florin qui coûte cher!!!! 8 étoiles

Georges Simenon a l'art de raconter les conséquences d'un drame, ici un assassinat, sur un groupe d'individus ou une population. Comment un homme normal devient-il un assassin à cause d'une différence d'un demi-florin dans les dépenses du ménages? Vous le saurez en lisant ce roman.

Le talent de Simenon est multiple, il trouve ses personnages dans la réalité et les restitue au lecteur tels qu'il les a observés, ça lui jouera des tours quand certaines personnes se reconnaissant trop bien dans ses romans lui intenteront des procès, un talent de d'immerger le lecteur dans le lieu où se déroule l'action, ici en Hollande, en peu de mots, le talent de maintenir le suspense, qui a écrit la lettre anonyme?, Sera-t-il arrêté?

Certes les romans de Simenon se déroulent souvent avec le même schéma, un homme normal, voire insignifiant pour son entourage, vit une vie normale voire banale quand tout à coup un événement le fait bifurquer de son quotidien et non seulement cet événement le change lui mais le regard de l'entourage aussi devient différent, là où Simenon est un grand écrivain c'est que aucun de ses romans ne ressemble à un autre. C'est difficile de noter Simenon car je n'ai rien lu de mauvais de sa part, j'ai peut-être mieux aimé certains livres que d'autres, celui-là vaut 4/5 pas qu'il ait des défauts ou qu'il soit moins bon, mais j'ai préféré d'autres roman auxquels j'ai mis 5/5.

Killeur.extreme - Genève - 43 ans - 21 juillet 2015