Marivaux est un auteur français dont la réputation est trompeuse. Pour beaucoup, qui ne l'ont pas lu, ou seulement partiellement et trop tôt (lors de leurs années d'études secondaires), il est vieillot, maniéré, et n'aurait écrit que des comédies sans profondeur.
Pourtant, cette pièce (et d'autres du même auteur) suscite non seulement l'admiration pour la langue parfaite, admirable, dans laquelle elle est écrite, mais elle comporte aussi sa part de noirceur, de doute, et de complexité humaines.
Les personnages ne sont pas ceux que l'on croit deviner au début, leur cheminement psychologique révèle les détours et mouvements de leurs âmes, et c'est un délice pour le lecteur.
Certes, le public est aujourd'hui accoutumé à des écritures beaucoup plus banales, simplistes et à des textes vite lus (et vite oubliés). Mais heureusement, ceux qui prennent la peine (minime) de s'intéresser aux auteurs français du passé y trouveront une grande récompense.
L'un des moyens de constater la qualité d'un livre est qu'on le reprend en main pour y relire une phrase, une page ou un chapitre (un acte pour une pièce) alors qu'un texte de "consommation courante" ne sera, en général, plus jamais ouvert.
Cette pièce fait partie de ces petits livres qu'on conserve pour toujours dans sa bibliothèque.
XueSheng - - 39 ans - 2 février 2013 |