Alix, tome 31 : L'ombre de Sarapis
de Jacques Martin, François Corteggiani (Scénario), Marco Venanzi (Dessin)

critiqué par Shelton, le 17 novembre 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un bon album à lire, un classique à conserver !
Commençons par affirmer de façon claire et précise que j'aime ce personnage d'Alix et que cet album est très bon bien que Jacques Martin ne soit plus là pour diriger son petit monde, ce qu'il a toujours fait avec talent et énergie...

Avec ce nouvel album, L’ombre de Sarapis, nous allons retrouver nos deux héros principaux, Alix et Enak, en Egypte, avec une héroïne que nous avions déjà croisée dans Ô Alexandrie, une histoire dans laquelle on avait pu constater de façon évidente les qualités d’un petit jeune, Rafael Morales. Ce dernier aura collaboré avec Jacques Martin sur cinq albums d’Alix avant de se consacrer aux Voyages d’Alix même si maintenant il se donne une série plus personnelle, Hotep.

Mais cette héroïne, crierez-vous en cœur ? Il s’agit bien sûr de la reine Cléopâtre dont on pourrait bien penser – à juste titre – qu’elle s’est donnée à Alix l’espace d’une nuit… Ne lui avait-elle pas déclaré : « Tu auras toujours une place dans mes rêves »… et c’était après une nuit endiablée que Jacques Martin n’avait pas osé nous décrire en profondeur… Autre temps, autres mœurs, et je regrette parfois que les aventures d’Alix soient si soft dans certaines phases…

Cette fois, c’est César, oui le grand César, qui va envoyer Alix en mission : « Mon fils Césarion a disparu. Enlevé ! », et il est impératif de le retrouver. Certes, ce fils né des amours entre César et Cléopâtre vivait chez sa mère et on ne parle nulle part de la pension alimentaire qu’il versait à cette reine acariâtre… Alix va donc prendre le chemin de l’Egypte avec son ami Enak pour tenter de retrouver ce Césarion…

Cette aventure dans un pays dont on a beaucoup parlé l’an dernier est très bien construite. Un scénario solide qui renoue avec les grandes machinations et trahisons qu’aimait bien Jacques Martin. Cléopâtre est toujours sensuelle à souhait et plusieurs fois on se demande si elle ne devrait pas s’occuper plus d’Alix que de politique où elle semble plus manipulée que manipulatrice…

Et ce petit Enak que l’on croyait très innocent…ne voilà-t-il pas qu’il regarde avec beaucoup de tendresse et passion cette belle Isadora. Cléopâtre devra même se faire accompagner de la belle jeune Egyptienne quand elle se rendra au triomphe de César… Pour un peu, les aventures d’Alix deviendraient chaudes et réservées aux adultes !

Rassurez-vous, amis lecteurs, Alix reste Alix ! Et le restera ! Ceci étant acquis, j’avoue avoir pris beaucoup de plaisir dans cette lecture et je finis par me demander si certaines de ces reprises ne sont pas l’occasion de prouver que les héros de bandes dessinées, les vrais, les grands, ne peuvent pas mourir car ils nous appartiennent définitivement. Les auteurs peuvent se succéder, les histoires continuent et le talent des uns ou des autres, transforment les albums en réussite ou pas…

Le dessinateur Marco Venanzi – certains l’avaient découvert et apprécié avec de nombreux albums de la série Masquerouge dont il en avait repris le dessin derrière André Juillard à partir du quatrième – montre qu’il est aussi très habile dans les histoires de l’Antiquité. Avec Le testament de César, il avait montré quelques imperfections, cette fois, avec un très bon scénario, il réalise un excellent travail ! On attend la suite…

Le duo Venanzi-Corteggiani nous offre donc un album de qualité, à lire, bien sûr, par tous les fans du Journal de Tintin et de cette série mythique, mais aussi à découvrir par de plus jeunes lecteurs qui pourraient là comprendre que ce personnage d’Alix est définitivement un grand incontournable de la bande dessinée…

Un coup de cœur, quoi !
Mystérieuse Cléopâtre, envoûtante, envoûtée 8 étoiles

Il faut le dire d'emblée : c'est un très bon album d'Alix. Bien sûr, Alix restera Alix, avec son style "classique" ; où les nouveautés (différents dessinateurs, scénaristes...) ne changeront pas le fond : Alix étant "breveté" comme une marque. On ne peut donc pas tout changer ; le public serait perdu, moi le premier, car Alix est mon copain d'enfance.

Mais revenons à l'album en question. Sa qualité première est de ne pas tout dévoiler dès les premières pages. Il réside ainsi du mystère jusque dans les dernières pages. Mais c'est aussi dû aux manigances de Cléopâtre, plus perfide et sensuelle que jamais. Bien évidemment Alix gagne à la fin, mais l'ambiguïté créée par les différentes facettes de la reine restitue mieux les nuances des sentiments dépeints ; des sentiments moins lisses, aux frontières moins claires (en somme de "vrais"' sentiments humains) à l'inverse de certains des précédents albums où cette grille de lecture manquait parfois, où la victoire finale était trop nette, trop calculée.

A lire donc.

PPG - Strasbourg - 48 ans - 20 janvier 2013