Souvenirs de la Patate douce : Une adolescence taiwanaise
de Kwang-chih Chang

critiqué par Jfp, le 25 novembre 2012
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
prisonnier d'opinion
Longtemps après, au crépuscule de sa vie, Chang Kwang-chih, un célèbre préhistorien taïwanais, se souvient de son enfermement dans les geôles de son pays, au lendemain de la prise de pouvoir par l'armée nationaliste de Chang Kai-chek. Soupçonné d'avoir des sympathies pour la cause communiste alors qu'il est étudiant à Taipei, il va passer un an, allant de prisons en camps d'internement et en centres d'interrogatoires, avant d'être libéré, sur intervention de son père et de quelque personnage bien en cour qui se portera caution pour lui. Cette année de privation de liberté lui fera connaître, d'une part les véritables communistes, qu'il n'avait pas vraiment fréquenté jusque là, d'autre part et surtout les relations complexes, parfois contradictoires, qui se tissent entre idéal et nécessité de survivre. Même si l'expérience qu'a vécu l'auteur a été relativement "douce" (pas de séances de torture, pas de privations de nourriture et de boisson, contrairement à d'autre détenus), son témoignage est précieux, grâce à sa mémoire intacte de tout ce qu'il a vu et entendu, de tous les personnages qu'il a fréquentés au cours de cette plongée dans le milieu carcéral. La principale qualité de ce témoignage est sa franchise et son approche quasi scientifique (une déformation professionnelle!) de cette expérience difficile qui l'a marqué pour la vie. J'ai pour ma part regretté que la qualité même de sa mémoire ait conduit l'auteur à de longues énumérations de noms de personnages, aujourd'hui morts ou disparus pour la plupart, dont le lecteur se serait bien passé, au profit d'une approche plus psychologique de l'expérience humaine ainsi vécue.