Très loin de la Terre
de Jean-Pierre Andrevon

critiqué par Ayor, le 21 novembre 2012
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Trois bonnes histoires de SF
Cette œuvre traitant de science-fiction regroupe trois romans bien distincts. Les histoires sont d'une grande simplicité et ont pour point commun la découverte et la conquête de l'espace par l'Homme.
Le style de l'auteur est travaillé, voire même très recherché par moments, ce qui n'empêche en rien la bonne compréhension des péripéties vécues par les protagonistes de ces différentes histoires.
Même si celles-ci datent un peu (début des années 70), elle ne sont en rien désuètes, et nous font passer d'agréables moments parmi les étoiles.

Le temps des grandes chasses (1973) :
Roll vit en parfaite harmonie avec son clan sur la Terre, désormais revenue à l'âge de pierre. Un jour, un vaisseau spatial débarque avec à son bord d'autres hommes qui le capturent lui et certains de ses congénères, afin de les réduire en esclavage ou d'en faire des gladiateurs destinés à distraire les habitants d'une planète humanoïde nommée Orum.

La guerre des Gruulls (1971) :
Ce roman nous conte le conflit galactique qui oppose l'Homme aux Gruulls qui dure depuis vingt ans et dont l'origine reste obscure. L'histoire s'articule autour de quatre personnages qui à bord de leur navette spatiale, échouent sur une étonnante planète.

Le Dieu lumière (1973):
L'Homme a soif de connaitre d'autres planètes capables de l'accueillir. C'est avec cet objectif prioritaire que décolle l'Hélios, avec à son bord quatre spationautes qui vont vivre alors une aventure recelant un bon nombre de surprises.

Seule la dernière histoire est quelque peu prévisible, ce qui n'empêche pas l'ensemble d'être homogène et réussi.
De très bons récits de SF 8 étoiles

Voilà un très bon livre de SF avec lequel j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Décidément Jean-Pierre Andrevon me plait toujours plus ! On voit qu’il sait écrire facilement, avec une plume d’une belle qualité, et construire des histoires prenantes et intéressantes. Là, c’est un recueil de 3 grosses nouvelles réunies artificiellement sous un seul titre de « Très loin de la Terre », mais chacune de ces nouvelles mérite d’être citée individuellement, parce qu’elles sont différentes les unes des autres, parce que chacune est un récit à part entière et parce que chacune dispose de son propre titre, écrites dans un contexte différents par l’auteur. La seule chose qui les réunit vraiment, à part le nom de leur auteur commun, c’est l’époque à laquelle ils ont été écrits et publiés, dans le début des années 70, ce qui remonte loin, plus de 40 ans déjà.

Alors évidemment, à leur lecture, certains détails surannés sautent immédiatement aux yeux, mais se rappelant le passé éloigné d’où ils sortent, avec indulgence on ne s’y attarde pas, et on continue notre lecture pour notre plus grand plaisir ! Car Jean-Pierre Andrevon est vraiment un conteur-né qui nous fait immerger dans ses récits futuristes aux intrigues modernes où l’espace-temps est déjà un concept mûr et qui en joue avec brio pour brinquebaler ses héros et anti-héros dans des aventures fascinantes et complexes.

La première d’entre elles, « Le temps des grandes chasses » est une épopée désenchantée, où sur deux plans différents et deux mondes différents, le futur finit par se conjuguer par un retour au passé, dû à l’incurie des hommes et à leur soif de pouvoir et de cupidité qui mène à la catastrophe. C’est en ce sens une fable écologique où l’auteur avertit des impasses que les dangers de la technologie peuvent amener pour l’humanité. C’est le récit le plus long des trois.

La seconde d’entre elles, « La guerre des Gruulls » est un space-opera original aux accents réalistes, où il est démontré que les différences de cultures peuvent engendrer des malentendus menant à la guerre (ce qui n’est pas nouveau). La conclusion en est que la compréhension réciproque entre les cultures, même de niveau technologique différent, peut permettre d’en finir avec la guerre et de vivre ensemble dans la cohabitation pacifique et les échanges culturels et économiques pour le bien de tous. Pas nouveau non plus, mais la démonstration qui en est faite est bluffante.

La troisième d’entre elles « Le Dieu de lumière » est une histoire d’exploration spatiale d’une planète lointaine susceptible d’être habitable pour les humains et d’ouvrir la voie à sa colonisation. En effet, cette planète a des propriétés physiques proches de la Terre, mais son exploration va avoir des conséquences inattendues pour la petite équipe de spationautes, qui vont se retrouver piégés dans une boucle spatio-temporelle à leur insu. Un récit où ce thème fonctionne à plein, diablement efficace. Peut-être le récit le plus réussi mais en même temps un peu raté dans une partie du récit par des aspects et thématiques trop datés pour nous, trop connotés années 60/70. Par ailleurs, ici, l’auteur nous montre qu’il est capable d’un solide humour, ce qui n’est pas flagrant dans les autres récits.

Bref, un recueil qui nous fait passer d’excellents moments de SF dépaysante avec des histoires très bien écrites, bien racontés, bien menées, qu’on a peine à lâcher, et très modernes malgré leurs 40 ans d’âge, ce qui en SF, est très vieux. Jean-Pierre Andrevon, un auteur qui mérite d’être découvert et redécouvert.

Cédelor - Paris - 53 ans - 22 novembre 2017