L'Imitateur
de Thomas Bernhard

critiqué par Dirlandaise, le 24 novembre 2012
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Courts récits angoissants
Il fut un temps où Thomas Bernhard exerçait le métier de chroniqueur judiciaire ce qui explique, à mon avis, ce livre étrange composé de plusieurs courts textes, certains s’étendant sur quelques lignes seulement, relatant des faits divers tels qu’on peut en lire tous les jours dans les journaux. Il n’est pas possible de discerner la vérité de la fiction en lisant ces textes cependant chacun porte en lui une part de l’absurdité de la vie humaine. Il s’agit de personnes exerçant divers métiers ou professions souvent très respectées de leur entourage et qui soudain, commettent des crimes horribles ou disparaissent sans laisser de traces pour réapparaître plusieurs années plus tard sous une nouvelle identité. Des meurtres, des accidents, des suicides, des malheurs de toutes sortes jalonnent ces courts récits et leur lecture laisse une impression de malaise, génère une angoisse sourde et suscite des questionnements à savoir si cela est bien arrivé ou si l’auteur a tout inventé.

Quoi qu’il en soit, l’écrivain, par le biais de ces histoires sordides et souvent pathétiques, nous étale toute la misère et la souffrance humaine. Les personnages de Thomas Bernhard subissent des situations pendant de longues années avant de soudain tout balayer en tuant ou en fuyant leur vie devenue insupportable. Certains se réfugient dans la folie, d’autres attentent à leurs jours ou deviennent d’une violence incontrôlable.

Thomas Bernhard égal à lui-même en somme…

« Un postier inculpé du meurtre d’une femme enceinte a soutenu devant le tribunal qu’il ne savait pas pourquoi il avait tué cette femme enceinte, mais que, ce qui est sûr, c’est qu’il l’avait tué aussi soigneusement que possible. À toutes les questions du président de la cour, il n’avait répondu qu’en répétant le mot « soigneusement », sur quoi les poursuites avaient été abandonnées »

« Près du quartier copte du Caire, nous avons été frappés par des rues entières où, dans les immeubles de quatre ou cinq étages, on élève des millions de poules, de chèvres, et même de cochons. Nous avons essayé d’imaginer ce qu’on peut entendre quand ces maisons brûlent. »