Prince d'orchestre
de Metin Arditi

critiqué par Elya, le 26 novembre 2012
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Pulsions musicales
On dit parfois que la musique est un "refuge face à l'adversité du monde" ; le genre de poncif dont Metin Arditi ne tarit pas : "La vie, c'est comme un train, reprit Tatiana. Il passe par toutes les sortes de gares. Des gens descendent, d'autres montent... Mais il ne s'arrête jamais deux fois à la même gare. Jamais ! La seule chose que tu puisses faire, c'est changer de wagon. Tu peux aller de l'un à l'autre, parler aux voyageurs, tu peux faire des tas de choses. Mais ce n'est pas la peine de chercher les gares qui t'ont passé sous le nez." Le métier d'Alexis Kandilys, chef d'orchestre, s'y prête en effet bien ; l'univers musical dans lequel il baigne nous est heureusement dépeint, même si l'on n'y connait rien, il est ce qu'on se représente : opulence, succès, responsabilités et tourments. Pour vaincre ces derniers, Alexis tombe dans les vices les plus abjects : jeux, sexe, aversion des autres et fanatisme de lui-même. L'homme adulé se transforme ; la déchéance remplace la prospérité. Comment cela se finira ? Cela, on le sait dès la première page ; bien ou mal, je n'ai pas tranché. De toute manière, Matin est prévisible du début à la fin.

Pourquoi l'auteur insiste-t-il tant pour nourrir une telle désillusion ? Était-elle "écrite" ? Alexis tombe dans la quête de sens : "Votre destin a croisé celui d'un percussionniste qui s'est retrouvé à Paris pour un remplacement, et cette coïncidence a déclenché une série d'évènements qui ont bouleversé votre vie. Qui peut affirmer qu'il s'agit d'un hasard ? Peut-être que cet accident vous aidera à trouver un sens nouveau à votre existence". Des propos archaïques qui ne peuvent trouver leur place que dans des romans à tendance psychanalytique.

Qu'on aime un livre pour la splendeur de son style, pour les leçons qu'on en tire, ou les savoirs qu'on apprend, alors on ne peut qu'être déçus par celui-ci. Mais si on aime la lecture pour le divertissement qu'elle procure, alors on pourra être satisfait ; mais ne l'est-on pas déjà par beaucoup d'autres ?
La chute d’un géant peu sympathique … 4 étoiles

Beaucoup d’éléments éclairent la lente descente aux enfers de ce chef d’orchestre pourtant adulé et internationalement reconnu.

Alexis Kandilys a en effet été élevé par sa mère et son parcours fut celui d’un enfant gâté s’attendant à ce que le destin exauce tous ses vœux et caprices.

Graduellement confronté à des réalités parfois peu complaisantes, son caractère finit par s’aigrir, ses comportements devinrent plus agressifs et hautains, et son isolement s’aggrava.

Malgré quelques situations scabreuses, ce roman est relativement agréable à lire, ne fut-ce que par la diversité des personnages auquel l’auteur donne tour à tour la parole. Néanmoins, et sauf à lire en vacances, cet ouvrage manque indéniablement de densité.

Ori - Kraainem - 89 ans - 15 septembre 2013