Les souffrances du vieux Werther de Bohumil Hrabal
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Et la souffrance du lecteur dans tout ça ?
Je pense en priorité à Marianne Canaggio, la traductrice. Et puis à moi, lecteur, qui dès la page 42 me disais : « ce n’est pas possible, je vais arrêter ». Qui a tenu. Et qui page 70 a bien failli balancer le bouquin … Et qui est allé jusqu’au bout, page 150.
Je m’admire ! (Relativisons en précisant que le format est compact et que ça ne constitue pas ce qu’on appelle « un pavé » …)
Bohumil Hrabal n’est pas, à mon goût, facile à lire. Mais là, dans « Les souffrances du vieux Werther », notre ami s’est surpassé ! Ecoutons comment Bohumil Hrabal nous présente cet ouvrage :
« … mon oncle Pépine venait me rendre visite, il apportait toujours une bouteille de rhum ou un digestif amer, on buvait, on allait au cabaret, on faisait des visites, l’oncle dormait sur mon canapé, et, quand on avait du temps, par désoeuvrement, je tapais sur une machine à écrire empruntée le texte qu’il me dictait.
A cette époque, il adorait se mettre en avant, et les histoires qu’il me racontait au fil de ces pages, il les appelait ses « procès-verbaux ». En tout, nous avons consigné ces procès-verbaux en sept fois, et finalement ce flot de phrases a commencé à me plaire, ces récits, je les avais déjà tant et tant de fois entendus, à la maison et en société sur les bords de l’Elbe, chez les voisins, et pourtant, comme un vrai hassid, je m’étonnais et simulais une stupeur qui ranimait sans cesse les sources vacillantes du récit, je portais même de la bière au rhum à l’oncle pour qu’il parle encore et toujours, jusqu’à l’épuisement, et en écrivant je me suis aperçu que ces histoires sans queue ni tête possédaient en somme un ordre propre, alors que je me demandais toujours si l’oncle Pépine ne perdrait pas le fil qu’il avait rompu … »
Je dois dire ne pas partager l’optimisme de Bohumil Hrabal quant à la queue et la tête de ces « procès-verbaux ». Je dois dire que l’ordre propre dont il parle je ne l’ai guère vu (peut-être faute de carburer à la bière au rhum ?!).
Pas de ponctuation, des propositions qui s’enfilent les unes derrière les autres, juste séparées par des virgules (ah oui donc, il y a – un peu – de ponctuation !), absence de lien dans les propos qui s’enchaînent, mon intérêt ne fut guère stimulé, mon envie de me libérer oui !
Je ne vais pas aller plus loin. Juste vous donner un extrait … tiens, de la page 70 où j’ai failli arrêter (la phrase a commencé en haut de la page précédente et se terminera 13 pages plus loin) :
«… et la pute qui s’en était mêlée, les gendarmes l’avaient fait tomber en sautant, et en leur balançant des coups de pied, Rimsky lui avait fait sauter sa prothèse et c’est seulement alors qu’on a appelé la troupe, les pompiers lui ont braqué leur lance dans les yeux et c’est comme ça qu’ils l’ont eu et qu’il a flanché, il y avait une autre tête brûlée, un certain Benda, un Valache, boulanger lui aussi, Joseph avait été son mitron, et une fois il lui dit : quoi ? et il se prend une drôle de volée au point qu’il s’en évanouit, et quand on le ranime, l’autre lui fait, chez nous on dit : pardon ? et puis en fin de compte il picolait trop et il est mort gelé, il avait reçu une dot de sa mère, … »
Je vais vous donner un conseil qui va vous épargner temps et soucis : laissez tomber « les souffrances du vieux Werther » !!!
Les éditions
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Les souffrances du vieux Werther [Texte imprimé] Bohumil Hrabal trad. du tchèque par Marianne Canavaggio
de Hrabal, Bohumil Canavaggio, Marianne (Traducteur)
10-18
ISBN : 9782264021656 ; 1,80 € ; 01/12/1996 ; 127 p. ; Poche
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