Rhétorique et argumentation de Jean-Jacques Robrieux
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire
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Définition, histoire et utilité de la rhétorique
Jean Jacques Robrieux, maître de conférence en faculté de lettres, souhaite redonner de l’intérêt à la rhétorique. Souvent à connotation négative, l’art que désigne ce mot (celui de s’exprimer, de convaincre et de plaire) est pourtant fortement employé dans les débats politiques, les discours médiatiques et la publicité. Faire abstraction de la rhétorique reviendrait à asservir la masse, qui ne pourrait pas saisir le sens au-delà de ses apparences.
L’historique de la rhétorique, brièvement mais pertinemment retracé, nous montre que les chercheurs s’intéressent aux techniques de persuasion depuis les années 50 seulement, afin d‘alimenter la propagande politique et mercantique. Au 18ème siècle, les rationalistes déclaraient déjà que « la vraie éloquence se moque de l’éloquence ».
L’auteur s’attarde à plusieurs reprises à différencier la science (domaine de la vérité) de la rhétorique (domaine du vraisemblable). L’argumentation et les raisonnements formels, différents dans leurs modalités, possèdent le même objectif : « faire progresser la pensée en partant du connu pour faire admettre l’inconnu ».
Le plus gros de l’ouvrage se consacre à lister les différents types de figures, d’arguments et de plans, constituants essentiels de la rhétorique. JJ Robrieux s’appuie sur des ouvrages anciens et contemporains afin d’être le plus exhaustif possible. Ses exemples, nombreux, s’appuient sur des œuvres majoritairement issues de la littérature romanesque, poétique ou théâtrale, ce qu’on peut lui reprocher. En effet, à la lecture de son introduction, où il insiste sur l’intérêt de la rhétorique pour analyser de manière critique les médias, je m’attendais à plus d’exemples concrets permettant de détecter au quotidien des figures et arguments. Pour compenser cette lacune, l’auteur se permet des réflexions subjectives mais judicieuses sur les « pièges » de la rhétorique, et notamment le caractère faussement élégant des clichés, figures stéréotypées, s’opposant drastiquement au vraies métaphores, oxymores et métonymies originales et à forte valeur esthétique et réflexive. Il remet en cause l’analogie (en dehors de ses vertus pédagogiques) lorsqu’elle permet de faire des comparaisons hâtives et superficielles (intégrisme islamiste / intégrisme chrétien), emmenant à des propos creux tels que « l’histoire se répète ». Il souligne aussi l’importance des définitions, permettant de donner du sens à un concept. Ainsi les mots fortement employés par les médias tels que « responsabilité », « solidarité », « norme », « juste milieu », « modernité » alimentent un verbiage plutôt qu’explicitent un discours.
A l’issue de cette lecture, je n’ai retenu aucune figure, et je ne saurai sans doute pas mieux en détecter qu’avant. Pourtant, j’ai apprécié cette initiation à la rhétorique. L’auteur n’inspire pas à nous faire retenir par cœur toutes ces définitions et ce vocabulaire inusité propre à la rhétorique. J’espère d’ailleurs qu’il ne l’exige pas de ses étudiants ! Si son désir consistait à nous sensibiliser à l’importance de la rhétorique, alors il peut être satisfait.
Livre lu dans sa deuxième édition (2005).
Les éditions
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Rhétorique et argumentation [Texte imprimé] Jean-Jacques Robrieux sous la direction de Daniel Bergez
de Robrieux, Jean-Jacques Bergez, Daniel (Directeur de publication)
A. Colin / Collection Lettres supérieures (Paris)
ISBN : 9782200249380 ; 26,58 € ; 26/05/2010 ; 272 p. ; Broché
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