Impala
de Carole David

critiqué par Libris québécis, le 21 décembre 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Mafia montréalaise
Carole Fioramore-David présente des immigrants italiens venus s’établir à Montréal vers les années 1950. Ils ont fui l’atmosphère déprimante de l’après-guerre, qui a suivi le régime de Mussolini. Ce sont ceux que les Montréalais côtoient s’ils habitent ce que l’on appelle aujourd’hui la petite Italie.

L’héroïne Louisa habite d’ailleurs dans la rue Drolet avec sa tante Angelina tout habillée de noir. La tristesse caractérise la vie de la fillette que l’on a abandonnée pendant son enfance aux mains d’une tante fermée comme une huître. La gent féminine est soumise à l’omerta comme tous ceux qui gravitent autour des mafiosi. Louisa veut détrousser ce passé douloureux duquel elle origine. Qui était sa mère, cette chanteuse du style d’Alys Robi, qui se trimballait de bar en bar en Chevrolet Impala ? Qui était son père, un riche entrepreneur habitant une ville de l’East Island ? Tout un défi que de reconstituer le puzzle d’une enfance que des crapules armées ont nourrie de mensonges auxquels on ne pouvait refuser de donner foi. Ce n’est pas une mince tâche que de se construire une identité à partir d’un fouillis entretenu par des seigneurs désireux d’assujettir tous et chacun à leur volonté, voire même le monde politique, comme le montre La Commission Charbonneau.

Dans le cadre du glamour poussiéreux des années 1950, l’auteure pose les jalons suivis par les femmes devenues des complices tacites d’hommes qui font la loi. Comme André Noël dans Le Seigneur des rutabagas, Carole David soulève le voile d’une époque sanguinaire, qui se perpétue encore, avec un réalisme saisissant et une plume efficace, mais un peu surannée.