Mammy
de Albert Hublet

critiqué par JulesRomans, le 23 décembre 2012
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
De l’effroi dans un roman écrit à l’ombre du beffroi de Charleroi
Il s’agit de nous conter comment un enfant orphelin Jacky âgé de 10 ans en 1940 vit l’Exode (avec ses grands-parents qui décèdent à cette occasion) et l’Occupation. C’est tiraillé entre une famille catholique wallonne résistante (qui l’a quasiment adopté) et un milieu industriel bruxellois laïc collaborateur (dont le chef de famille réclame sa tutelle en s’appuyant sur une amitié ancienne avec son père). Jacky enfant-héros va se révéler bien utile en deux circonstances pour ceux qui s’opposent à la mainmise de l’Allemagne sur le pays. Bien écrit, avec des grandes variétés de type de narration et des chapitres courts bien centrés sur une étape du récit avec un titre suscitant l’imagination du contenu de ce qui va suivre. Les dialogues sonnent juste et ne sont pas aussi édulcorés que dans les habituels ouvrages de littérature de jeunesse du XXIe siècle traitant de la Seconde Guerre mondiale : « J’ai été fait prisonnier lors de l’armistice … oui, le régiment s’est fort bien battu jusqu’au bout … Alors, ils ont voulu m’emmener en Bochie ».
Cet auteur fut très lu dans les années trente et durant les Trente Glorieuses (1945 à 1974) en Belgique et au Québec, comme Micheline Tremblay dans son autobiographie "La Fille du concierge", le Père Albert Hublet était un jésuite et on lui doit de nombreux ouvrages de littérature de jeunesse. L’auteur enseignait au collège jésuite de Charleroi durant la Seconde Guerre mondiale et un très bon tiers de l’action est situé dans la commune alors rurale de Gerpinnes extrêmement proche de Charleroi, les autres lieux géographiques présents sont Bruxelles et un village français certainement du Hainaut occidental. Mammy a été écrit en 1947, sa première édition se fait deux ans plus tard chez Desclée De Brouwer et il connaît des rééditions en 1963 et 1992.