Les trésors de Maeva
de Christian Jamet

critiqué par Shelton, le 27 décembre 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Les trésors... et les secrets de Maeva
Certes, je pense que personne ne dira qu’il s’agit du plus beau des romans, ni que l’écriture de Christian Jamet égale celle de Proust, encore moins que nous tenons-là le futur prix Nobel de littérature… Attention, cela ne signifie nullement que l’ouvrage serait banal, médiocre ou futile… Loin de là et je vais tenter de vous le montrer avec raison et passion, car j’ai effectivement dévoré ce roman sans voir le temps passer !

Tout d’abord, sur la forme du roman, il s’agit d’un ensemble d’extraits de journaux intimes, celui de Maeva elle-même, mais aussi ceux de Nicolas, d’Alexis et de Nicoalexis. Le tout s’étale – en terme de temps – sur une vingtaine d’années tandis que nous irons – géographiquement parlant – des Antilles à la France métropolitaine en passant par Rome – le temps d’une escapade – avant de revenir sur l’île de la Martinique pour clore la boucle, le cycle, la vie…

Le style de l’auteur, me direz-vous ? Je le qualifierais de classique sans qu’il faille voir dans cette remarque un jugement de valeur. Classique, pour moi, relève d’un constat sur la phrase, le vocabulaire et sur une impression de lecteur. Pas de surprise, pas d’extase, le mot juste, une prose agréable à lire. Tout est là pour raconter, évoquer, dessiner… je dis bien dessiner et quand on saura que Maeva et Alexis sont artistes-peintres, on comprendra que le mot n’est pas utilisé par hasard…

Venons-en aux thèmes abordés dans ce bon roman car ils sont nombreux et ne devraient pas laisser indifférent le lecteur. On pourrait les résumer, les lister, de la façon suivante : déracinement, amour interdit, paternité/maternité, gémellité et, ce n’est pas le plus anodin, célibat et sexualité des prêtres catholiques. Précisons que l’on trouvera aussi une réflexion sur l’éducation, sur la théologie, sur la création artistique… Bref, un roman sur la vie, tout simplement.

Maeva est donc, au début de cette histoire, une femme d’âge mure qui décide d’écrire son histoire pour ses enfants, ses jumeaux Alexis et Nicolas, à qui elle n’a pas pu tout dire au fur et à mesure. Certains moments de sa vie sont plus faciles à écrire qu’à dire !

Elle est née à la Martinique et très vite son avenir est un peu obstrué. La Métropole est comme un lieu de reconstruction, de salut, de survie. Mais, arrivée là-bas dans la grisaille elle tombe amoureuse de Stanislas… et Stanislas est un jeune prêtre de l’Eglise catholique. C’est ainsi qu’ils vont se retrouver, tous les deux, parents de ces fameux jumeaux. Pour ces deux croyants que sont Maeva et Stanislas, les évènements deviennent très complexes avec des moments de grandeurs, mais aussi quelques bassesses. Et c’est à un regard particulier sur ces amours interdites que nous propose Christian Jamet, le romancier...

Je ne souhaite pas vous en dire plus de façon à sauvegarder votre plaisir de lecteur. Vous allez plonger dans ces destinées humaines, comprendre comment chacun des personnages, y compris les deux enfants, va tenter de survivre et se réaliser, ou, plus prosaïquement, s’accommoder de la situation.

Ah ! J’oubliais de préciser qu’il sera aussi question d’homosexualité mais pas de mariage pour tous. On ne peut quand même pas aborder tous les sujets dans un seul roman !

Un livre bien agréable à lire, une approche humaniste des sujets, la découverte – pour ma part – d’un romancier plaisant que je vous invite à lire sans retenue…