Turlupinant

Le cynisme amer et un peu baroque élevé au rang des Beaux-Arts, c'est juste jouissif et ça mène à cette situation un rien paradoxale où l'on s'esclaffe joyeusement en se tapant sur les cuisses au prétexte qu'on approuve l'auteur qui dit si bien la chose : le monde est triste et c'est très amusant.

Le narrateur-auteur nous parle beaucoup de son papa (ce roi qu'il faut contraindre au mat : c'est même le seul intérêt du jeu d'échecs), de son psy, de ses patientes, de tonton Freud, de l'inconscient (des « cons sciants » aussi, mais je laisse mon jeu de mot débile dans le panier des lacaniens...), bref, vous l'aurez compris, on s'enfonce dangereusement du côté de la psychanalyse, métier de l'auteur.

Chacun ses goûts. Quant à moi, il m'arrive de trouver cela un rien futile et lassant : Œdipe et Jocaste m'ennuient autant que Jésus et Marie, mais Declerck écrit beaucoup mieux que l'écrivaillon ayant pondu la Bible et ça sauve tout !

Alors, je vous jure, on peut faire semblant de s'intéresser à la psychanalyse le temps de ce bouquin, ce qui permet de relever quelques merveilles et bizarreries.
Et même des trucs qui sonnent comme des caricatures de psy. Exemple à la page 54 : « Comme immanquablement toute féministe protestataire, Mémé, au fond d'elle-même, méprisait les femmes car elles lui renvoyaient la haïssable image de sa propre castration ».
Et ce n'est pas la seule note profondément misogyne du bouquin, loin de là, mais peut-être que les tenants d'Œdipe et Jocaste sont comme ceux de Jésus et Marie...?

N'empêche : à lire.

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  Démons me turlupinant [Texte imprimé] Patrick Declerck

  de Declerck, Patrick
  Gallimard
  ISBN : 9782070128297 ; 2,99 € ; 05/04/2012 ; 272 p. ; Broché

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