L'Amour est un fleuve de Sibérie
de Jean-Pierre Milovanoff

critiqué par Monocle, le 4 janvier 2013
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Superbe
Je ne vais pas faire un résumé car l'histoire ne s'y prête pas !
En deux mots : Un enfant devient adulte et cherche le père qu'il n'a pas connu.
A part la pauvreté de l'histoire (comme je vous la résume) il y a un livre superbe, extraordinaire de simplicité où tout est décrit avec une joie sincère. Un roman qui se lit en un après midi avec une bonne tablette de chocolat.
Les deux dernières phrases sont purement impayables et pour ceux qui ont la vilaine manie de lire la dernière page avant de commencer leur lecture je leur conseille de s'abstenir car la chute vaut une rivière de diamants.
bonne lecture

Mots croisés 6 étoiles

Ce roman est typiquement un ouvrage qui privilégie la forme et l’ambiance plutôt qu’une histoire qui, de prime abord n’est pas particulièrement emballante.

Même si l’écriture est de qualité, le lecteur sera surpris par la relative facilité à avancer dans le livre ; tout le mérite à l’auteur de trouver cet équilibre.

L’environnement maritime et le style d’écriture font parfois penser aux romans de Philippe Besson, mais ici pas de bourgeois bohèmes ou de romantisme fleur bleue.

Bonne lecture, mais rien d’indispensable.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 17 mai 2015


Solitudes résignées 8 étoiles

Quatre personnages, quatre monologues pour nous raconter des destins croisés dans un hôtel isolé de la côte méditerranéenne.
Il y a d'abord Silvio, jeune garçon, fils unique, solitaire, seul devant ses cahiers en attendant la partie de baby-foot, témoin du pouvoir de séduction de sa mère, gérante du Bélugue, hôtel prisé pendant la saison touristique mais uniquement fréquenté par quelques pêcheurs le reste de l'année.

«C'est ainsi que les chagrins surgissent dans nos vies privées de grandeur. Pendant des années, des mois, des minutes, il ne se passe rien ou rien d'important. »
Arrive dans cette morne ambiance, Johnnie Wood, rocker local, qui apporte un peu de vie et de folie dans cet endroit. Amoureux fou de Mélina, il passera quelques jours à l'hôtel puis disparaitra ne laissant à Silvio qu'une mobylette et l'amour du blues.
Mais quand Johnnie/Jonas prendra à son tour la parole, ce n'est pas le même regard qui sera porté sur Silvio et sa mère, un regard cruel, bien loin de celui des illusions naïves du jeune garçon.
Dans cet hôtel, discret mais omniprésent, s'est installé Sorensen, alias Yatchman. Il saura se rendre indispensable dans l'organisation et la gestion de l'hôtel.

Le dernier témoignage sera celui de Mélina, la mère de Silvio. C'est aussi le hasard qui aura fait d'elle la gérante de cet hôtel; elle racontera ses espoirs, ses désillusions.

Quand Silvio, reprend la parole, la boucle est bouclée. Il est devenu gardien de camping de nuit, l'hiver, homme solitaire qui n'attend rien de la vie.
«Ainsi passent les jours, les heures, les minutes. La cendre infime qui en résulte tiendrait dans une cuillère à café, mais cette cuillère-là, je la fais longuement tourner dans ma tasse tous les matins et j'écoute le son léger qu'elle produit quand je la heurte contre le bord »

On ne peut qu'être touché par ces solitudes, ces détresses, (quand l'Amour n'est que le nom d'un fleuve), ces personnages qui subissent leur vie plus qu'ils ne la vivent, dans une immense résignation. Tout ceci porté par une superbe écriture poétique et mélancolique. Résignation qui ira jusqu'à l'extrême dans les dernières pages du roman, comme un résumé de ce qu'aura été la vie de Silvio.
« Si ma vie n'a été ni belle ni riche, elle a quand même été remplie de tous les événements qui n'ont pas eu lieu mais dont j'ai rêvé, et des actions que j'aurais entreprises et menées à bien si je n'avais pas dû y renoncer. »


Marvic - Normandie - 66 ans - 13 janvier 2013