L'Horizon bleu
de Dorothée Piatek

critiqué par JulesRomans, le 9 janvier 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Une bleuette
Ce titre était édité sous forme d’album en 2002 chez Petit à petit, il paraît dix ans plus tard avec l’apparence d’un roman chez Seuil. Plutôt que de se poser la question des illustrations ou pas, il aurait été préférable de s'interroger sur certains aspects du texte. Ce livre a été écrit pour dénoncer la guerre, c’est louable. Cette intention autorise-telle à proposer un récit avec des aspects invraisemblables et ponctuellement un angélisme de bon aloi (politiquement "sehr Korrect") ? Mon opinion est non. Or mis-à-part une erreur de date, rien n’a été modifié en dix ans.

Pourtant des enseignants avaient déjà pointé il y a dix ans quelques détails surprenants. Un poilu combattant part en permission dans son village occupé par les Allemands dans le département du Nord, un instituteur français protège les activités d’espionnage d’un Allemand par simple amitié pour lui, une fois prisonnier l’espion allemand le fait sortir du camp et cet instituteur erre après dans Paris plusieurs mois (s’il est déserteur, la ville lumière lui donne bien moins potentiellement la chance de rester dans l’ombre), son épouse reçoit (sans que la population du village n’y voit quelque chose à redire) un officier allemand qui la ravitaille …

L’idée d’une correspondance entre un soldat au front et son épouse dans un village occupé donne des passages très intéressants, porteurs d’une atmosphère et d’informations pertinentes. Il est possible de faire travailler des élèves sur leur contenu.

Voici deux extraits:

Lettre d’Élisabeth
« Mon cher mari, la guerre est longue. Quand te reverrais-je ? je me languis de toi. Comme une petite fille, je dors dans tes pulls et embrasse notre photo de mariage… La vie n’est pas facile ici. Les Allemands ont accepté de ne pas réquisitionner l’école. Mais en contrepartie, deux jours par semaine, ils occupent la classe pour faire leurs réunions. Ces jours-là je reste terrée dans la maison. »

Lettre de Pierre
« Les rideaux de métaux qui balaient les champs de bataille ne me quitteront jamais. Si Dieu me permet un jour de regagner ma maison, sache que mon corps sera de retour, mais que Pierre, l’homme que tu as connu demeurera au front pour toujours. »

Il est à noter que de ce récit, il a été adapté une pièce de théâtre éponyme pour les jeunes.