En 59, Pal Sarkozy pose dans une pub pour une machine à coudre et autres dissolutions de l'Assemblée Nationale

Le Père Noël existe et en plus de ça, il lit mes critiques pour savoir quoi m’offrir ! Fort non ? C’est donc avec le plus grand des plaisirs que j’ai vu arriver sous le sapin le Petit Livre de la cinquième république, BD d’Hervé Bourhis, dessinateur dont j’ai dit le plus grand bien dans ma dernière critique de 2012. C’est donc avec une certaine logique et continuité que je débute 2013 par quelques lignes enthousiastes avec le même auteur.
En fait, cette BD n’a qu’un seul défaut : publiée en 2011, elle s’arrête avant les dernières élections présidentielles. Une mise à jour va vite s’avérer indispensable. En quelques mois seulement, le quinquennat de François Hollande a déjà vu passer pas mal de petites et de grandes histoires politiques : le tweet de sa compagne, l’affaire de l’aéroport de Jean-Marc Ayrault, la marinière de Montebourg, les élections internes à l’UMP (énorme !), le mariage pour tous, … Il y a de quoi faire !
Petites et grandes histoires politiques, donc, car s’il est un domaine dans lequel les anecdotes et les hauts faits sont liés, c’est bien en politique.
Hervé Bourhis ouvre son livre en 1958, pendant la guerre d’Algérie et passe en revue toutes les années écoulées de la cinquième république avec la sobriété qui lui est propre et qui se trouve ici particulièrement bien adaptée au sujet. Sur chaque page, un conglomérat de vignettes, parfois des dessins d’époques reproduits, relatant un fait de manière claire et précise, parfois accompagné d’un commentaire. « Précis, érudit et dynamique », le bouquin parfait en classe d’histoire par la simplicité du traitement des infos et des faits. Qu’il s’agisse d’une information majeure (dissolution de l’Assemblée Nationale par Chirac) ou mineure (Fabius élu Français le plus sexy de 1984, ça laisse songeur), Bourhis ne fait pas de distinction. La politique est un tout, parfois incohérent il est vrai mais c’est un domaine dans lequel le moindre élément est utilisable et donc politisable.
Mais le gros point fort de ce bouquin fort documenté est qu’il fait un va et vient régulier entre le passé et le présent, c’est-à-dire qu’il rappelle ce que nos politiques actuels faisaient à une autre époque de leur vie. On sait que Madelin ou Longuet ont fait partie du joyeux mouvement Occident (ratonnades, matraques et autres penchants nationalistes de bon aloi… Et ces gars-là sont encore aux affaires… !). Mais apprendre que Juppé, en 1968, a voté Alain Krivine, représentant la LCR, voilà qui est vraiment inattendu.
De plus, l’auteur place les événements qu’il décrit dans leur milieu culturel. Là encore, il s’agit d’un grand écart : dessiner Zebda chantant leur titre « Le bruit et l’odeur », en référence à un discours de Chirac en 1993 (la vache, je viens de prendre un GROS coup de vieux !), repris dans la BD, ça va parler à beaucoup de gens. Par contre, si on ne sait pas que Tapie a commencé sa carrière comme chanteur sous le nom de Bernard Tapy en 1966, on ne comprend pas la présence de la pochette du disque.
Malin, intelligent, ce livre est une somme. Si l’auteur était dessinateur politique, comme Plantu, ce recueil serait une sorte de compilation, une preuve de savoir-faire. C’est pourquoi Bourhis est intéressant. Son trait est proche du dessin politique sans en être : il est plus varié, plus fort, même quand il se contente de simplement écrire un slogan de campagne sans dessin pour l’accompagner. La lecture sera une madeleine de Proust pour les plus anciens, une découverte, peut-être, pour les plus jeunes, un plaisir pour tous en attendant qu’il figure au programme des classes d’histoire.

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  Le petit livre de la Cinquième République [Texte imprimé] Hervé Bourhis

  de Bourhis, Hervé
  Dargaud
  ISBN : 9782205067996 ; 19,99 € ; 25/11/2011 ; 156 p. ; Broché

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