L'ombre du grand mur de Léo Malet
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Faux roman policier américain
Lewis Ted Crawford, honnête chirurgien new-yorkais, se retrouve condamné pour le meurtre d'une jeune femme qu'il n'a pas tuée. Tout l'accuse. Des indices, des témoins et un manque d'alibi flagrant. Mais pour ne pas compromettre une femme dont il est l'amant, de guerre lasse, il finit par avouer. Il purge une peine de trois ans derrière les barreaux de la prison d'Ossining. A sa sortie, impossible de reprendre une vie normale. L'ombre du grand mur plane toujours sur lui. Une visite à la femme d'un codétenu le ramène vers le monde des gangsters. Il devient médecin de la pègre et complice d'un parrain, Ralph Stryke. Petit à petit, par paliers successifs, il descendra tous les échelons de la déchéance.
Ecrit en 1942, alors que les autorités d'occupation interdisaient la diffusion du moindre texte d'origine anglo-saxonne, ce faux roman noir américain est en réalité un roman policier « made in France », mais avec une intrigue, des personnages et des décors américains, publié par Léo Malet sous le pseudonyme de Franck Harding. C'est à la fois une sorte d'OVNI littéraire et une oeuvre de précurseur puisqu'à l'époque, les grands auteurs de ce genre (Chandler, Himes, etc...) étaient encore inconnus en France. Nous sommes ici dans la tragédie, la fatalité dont on ne peut jamais se détacher quelque effort que l'on puisse faire. L'écriture est efficace, simple, enlevée, facile à lire. Encore un texte de Malet qui n'a pas pris une ride, même s'il est proposé dans un style simple assez différent des « Nouveaux mystères de Paris ». On trouve d'ailleurs en fin d'ouvrage, une nouvelle également très noire et désespérée « Le sang innocent » sur le thème d'un règlement de compte qui tourne si mal qu'un enfant de cinq ans en est la victime collatérale. Ce récit terrible pour un conte de Noël s'achève d'ailleurs sur une chute aussi horrible que surprenante. Si la vision pessimiste du monde est la même, le style est différent. La langue verte, l'argot, la gouaille du titi parisien, absente de « L'ombre du grand mur » réapparait pour notre plus grand plaisir bien sûr.
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