Ca coince côté scénario, dommage

Editée en 1991, cette bédé est dans la ligne de ce que "sortait" Soleil au début de cette décennie. Le dessinateur argentin et le scénariste espagnol rappellent par exemple la paire Ortiz/Ségura ("Morgan", "Hombre", "Hombre la génèse", Burton & CIB...) tant par les dessins que le scénario (mais bien plus faible ici dans "Aguirre" où il aurait peut-être mieux valu proposer de brèves nouvelles comme celles proposées par les mêmes Ortiz et Ségura).

Les conquistadores se nourrissent du même rêve : l'or ! Mais, bloqués dans un village infâme, ils attendent les finances du roi pour démarrer l'expédition. Alors on s'ennuie, on se provoque, on complote et on se bat. Puis on part, telles des bêtes à la recherche de l'Eldorado.

La thématique est intéressante. Les personnages sont très bien croqués grâce à des portraits peu reluisants, respirant la cupidité et la violence. Quant aux couleurs et aux dessins : j'adhère. Ils sont très réalistes, profonds, durs comme de la pierre.
Nous avons bien compris que cette bédé constitue des tranches de vie de quelques personnages. On prend le récit en cours de route, et on le quitte sur le même mode... et il faut l'accepter. Mais, largué comme nous le sommes dans cette contrée inhospitalière, il manque dans le scénario un fil conducteur. Il manque ainsi une intrigue à laquelle on aurait pu accrocher, tout en convoyant avec quelques conquistadores. Or ici, ces derniers sont juste esquissés.

La trame narrative est incomplète ; et ce qui renforce le malaise sont les cinq dernières planches : toutes muettes. On les contemple en se grattant la tête : c'est beau, presque mystique, mais où veulent en venir les auteurs ?

C'est dommage, c'est incomplet.

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  Aguirre

  de Breccia, Enrique (Illustrateur) Hernández Cava, Felipe (Scénariste)
  Soleil
  ISBN : 9782877640565 ; 3,12 € ; 18/03/1998 ; 48 p. ; Relié

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