Le Pupille
de Harry Mulisch

critiqué par Pucksimberg, le 3 février 2013
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Trouble relation entre un jeune homme de 18 ans et une richissime femme de 88 ans.
Après la seconde guerre mondiale, le narrateur de 18 ans quitte sa Hollande natale pour gagner le sud et exister par lui-même. Employé comme pompiste à Rome, il fait la rencontre d'une vieille femme de 88 ans dans sa Rolls Royce, et c'est un coup de foudre intellectuel. Elle trouve qu'il s'exprime merveilleusement bien et l'invite sur le champ chez elle à Capri. Mme Sasserath est une richissime femme, veuve depuis que son époux l'inventeur de l'épingle de nourrice est mort. Le narrateur aime les mots et veut devenir écrivain, sans doute son nouvel habitat saura stimuler son imagination.
Le narrateur est vu du mauvais oeil par l'entourage de Mme Sasserath. Est-il un profiteur ? Sont-ils amants ? Le terme "Gigolo" qui lui est lancé violemment au visage est-il justifié ?

Harry Mulisch donne l'impression que ses histoires sont fluides et transparentes, mais le lecteur se rend bien compte que le roman qu'il lit est bien plus dense que ce qu'il croyait, voire plus symbolique. Ce texte en est un parfait exemple. Avec une grande simplicité, l'on suit ce personnage central, assez narcissique, à travers ses déplacements et sa relation avec cette femme plus âgée. Il exerce une certaine emprise sur elle en lui permettant de retrouver son sommeil, mais elle-même exerce aussi une emprise sur le narrateur, plus subtile et plus profondément ancrée.

Comme dans un bon nombre de romans de Mulisch, certaines scènes sont frappantes, précisément décrites, l'on sent que par leur dimension picturale elles accèdent à un autre degré qui demandera une interprétation. Le voyage en téléphérique vers le Vésuve est marquant et énigmatique ...

L'on sent que l'auteur aime la littérature et qu'il s'appuie sur les classiques pour construire son oeuvre moderne. Ce roman ne se révèle pleinement qu'aux deux dernières pages.
Une jolie métaphore et une écriture stimulante.

Je déconseille de lire la quatrième de lecture avant la lecture du roman car elle est un résumé pertinent du texte et donne toutes les clés de la compréhension.