Le plancher se dérobe
de Guy Armel Bayegnak

critiqué par Libris québécis, le 31 janvier 2013
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Une Camerounaise au Canada
Traversé par la rivière Saskatchewan, Edmonton est la capitale de l'Alberta. Comme c'est la plus riche province du Canada à cause de son pétrole, elle attire de nombreux Canadiens ainsi que des immigrants, tels que l'auteur, qui est un hydrogéologue d'origine camerounaise. À son métier, il a ajouté le plaisir de l'écriture. Il a d'abord offert Cœur de lionne, un roman sur la jeunesse du Cameroun.

Il a récidivé en 2012 avec Le Plancher se dérobe. Ce roman s’attache à Awa, une jeune femme, qui, comme lui, a quitté le Cameroun pour s'installer à Edmonton. Elle est à l'emploi d'une grande entreprise, dont les dirigeants apprécient fortement son travail au point que l'un d'eux l'invite à un match de hockey disputé par les Oilers. C'est le début d'un rapprochement, qui laisse deviner que les atomes crochus s’activent pour que naisse une liaison outre que professionnelle.

Déception ! Le roman ne se limite qu’aux tentatives pudiques de séduction du patron, qui invite Awa en Italie pour son voyage annuel. Seul le dénouement décrit les deux tourtereaux main dans la main se dirigeant vers la tour de Pise. L'auteur ne visait pas l'exploitation de ce volet amoureux. Il a choisi plutôt d’illustrer la volonté d'une Camerounaise, un peu perdue au royaume de l’or noir, mais désireuse de s'intégrer à la société canadienne en poursuivant des études pour valider son diplôme en droit. En attente de cette reconnaissance, elle assure ses besoins pécuniaires en travaillant pour la dite compagnie.

Tout joue en sa faveur: sa beauté, son élégance et sa grande classe. En dépit de ses avantages, elle doit se colleter contre les réticences des blancs à l'égard de leurs congénères noirs. L'auteur profite de l'occasion pour redorer le blason des siens. Il démentit Voltaire, qui classait Cléopâtre parmi les plus grandes femmes de race blanche. Et d'un même souffle, il situe le jardin d'Éden en Afrique. Ève ne serait-elle pas une noire à l'origine de notre civilisation selon la Bible ?

Somme toute, le roman raconte l'histoire d'une intégration réussie. La trame est bien tissée autour du profil psychologique de l’héroïne. Bien liée à son passé, Awa envisage l'avenir avec espoir et lucidité. Cependant l'écriture joue le trouble-fête. L'auteur ne se signale pas par une plume très personnelle. Son roman est plutôt estudiantin. Bref, il convient davantage à des adolescentes.