Mateo
de Antoine Bello

critiqué par Yeaker, le 31 janvier 2013
(Blace (69) - 51 ans)


La note:  étoiles
Quand le foot prend toute la place
C’est un livre qui dans la narration me faisait plutôt penser au cinéma américain sur le sport, ce film sur ce joueur de base ball découvert sur le tard et joué par Redford ou celui qui raconte la naissance du football américain avec Clunay. Seulement ici nous sommes dans une histoire absolument fictive. Il s’agit de football.

Un jeune garçon renonce temporairement à une carrière dans un grand club pour gagner le championnat universitaire avec l’équipe qu’entrainait son père il y a 20 ans. Mattéo c’est son nom met toute son énergie dans ce projet mais évidemment de nombreuses difficultés s’annoncent rapidement. Un entraineur pas assez ambitieux d’abord, des partenaires d’un niveau médiocre ensuite, puis des entrainements pas assez soutenus pour espérer une progression. Il faudra toute la détermination de Matéo pour faire évoluer les mentalités et engranger des résultats. Jusqu’à évidemment le dernier jour de championnat.
Le livre aurait fait 140 pages, il était à la fois distrayant et abordait des notions intéressantes sur la relation dans un groupe.
Mais voilà l’auteur fait une faute de main impardonnable, il nous rajoute 100 pages ! Au secours ! C’est vrai qu’il avait oublié les blessures dans les péripéties, l’auteur veut en profiter pour nous rappeler que de tout échec et difficultés on peut revenir plus fort. Matéo devient tellement déterminé qu’il en devient un dictateur abject. On ne lit alors plus une histoire de foot mais d’une armée en campagne.
En conclusion nous commençons ce livre par un rejet de l’argent du foot pour celui de la valeur sportive incarné par Matéo pour finir par le détester lui et ses obsessions de performances.
Une parabole des talents moderne 9 étoiles

Une mise au point en préambule : on peut lire Mateo sans rien connaître au foot. Le ballon rond n'est pas le sujet du livre mais son décor. L'auteur revisite la parabole des talents à sa façon. Mateo a beaucoup reçu mais certains de ses coéquipiers aussi, qui ne lui arrivent pourtant pas à la cheville. Alors, qu'est-ce qui le distingue d'eux ? Sa volonté d'abord, une discipline de fer, une obsession constante de s'améliorer et d'élargir son éventail technique. Mais Bello ne verse pas dans le panégyrique. Car son personnage n'est pas heureux. Il ne sait pas célébrer la victoire ou s'abandonner à l'instant présent. On commence par l'envier, on finit par le plaindre.
En conclusion, un très beau portrait de champion, dans sa démesure et son opiniâtreté.

Jan - - 47 ans - 15 juillet 2014