Halte à la mort des langues
de Claude Hagège

critiqué par Elya, le 3 février 2013
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Causes et remèdes concernant la disparition des langues
Claude Hagège, linguiste français, a répondu récemment à une interview dans l’Express dont le contenu interpelle (:///www.lexpress.fr/culture/…). Il écrit en parallèle de son activité de professeur au Collège de France, des ouvrages de vulgarisation concernant ce domaine. J’ai voulu en savoir plus sur l’intérêt de défendre le plurilinguisme et j’ai donc emprunté Halte à la mort des langues, édité en 2000 mais dont le contenu ne vieillit pas.

On devine tout de suite le caractère passionné d’Hagège en feuilletant son livre rassemblant des myriades d’exemples empruntés à toutes les langues de tous les continents. Il n’oublie pas pour autant d’être organisé et de nous livrer un plan précis et appréciable de la façon dont il va nous exposer ses connaissances et opinions. A la fin de l’ouvrage, on retrouve une bibliographie conséquente, malheureusement peu rapportée dans le texte. Beaucoup d’affirmations ne renvoient à aucune source, même si elles renvoient à des faits majeurs étayant la thèse de l’auteur. Par exemple, Hagège nous apprend que les Maori souhaitent raviver leur langue car celle des « Blancs » leur a fait perdre des valeurs propres à leur société. Nous ne savons pas s’il tire cette information des dires des Maori même, et dans ce cas à quelle occasion, par quels individus, ou s’il reporte des propos venant d’un confrère.

Claude Hagège prétend que « défendre nos langues et leur diversité, notamment contre la domination d’une seule, c’est plus que défendre nos cultures. C’est défendre notre vie » et que « si la langue est loin d’être la seule expression d’une culture, elle englobe toutes les autres, néanmoins, puisqu’elle les met toutes en mots ».
Partant du constat inquiétant que depuis le 16ème siècle, le nombre de langues parlées n’a cessé de diminuer, le linguiste s’attarde sur trois points ; montrer en quoi les langues sont ce que la culture humaine a de plus vivant ; révéler leur caractère éphémère et la cause de leur disparition ; indiquer que leur sort n’est pas définitif et qu’il est toujours temps de les sauvegarder ou ressusciter. J’ai trouvé que Claude Hagége répondait parfaitement à la question des causes et des remèdes à la disparition des langues, mais qu’il ne démontrait finalement pas assez ce qui me semble le plus important, à savoir les conséquences de l’extinction des langues.
S’il est établi en biologie que la disparition des espèces animales et végétales a un impact néfaste majeur sur tout l’écosystème, et donc sur la qualité de vie de l’homme, la chose est moins claire concernant l’anéantissement des langues. J’ai trouvé qu’il répondait mieux à cette problématique dans l’article de l’Express de quelques lignes que dans cet ouvrage.

Je tenterai sans doute de lire des ouvrages plus récents de ce linguiste afin d’avoir plus de preuve de l’intérêt de préserver la multitude de langues à travers le monde.