Agatha Christie, tome 23: Les vacances d'Hercule Poirot (version BD)
de Didier Quella-Guyot (Scénario), Thierry Jollet (Dessin)

critiqué par Shelton, le 5 février 2013
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Poirot au repos, non ?
C’est en 2002 qu’Emmanuel Proust s’est lancé dans l’édition de bandes dessinées. Il le fit avec talent puisque dès sa première expérience d’éditeur – Auschwitz de Pascal Croci – il fut reconnu par les critiques et vit cette bande dessinée obtenir le Prix jeunesse de l’Assemblée nationale. Dans un deuxième temps, il mit en place une collection d’adaptation des romans d’Agatha Christie en bédés. Les premières avaient été publiées aux éditions Lefrancq avec un gros travail de l’expert de la romancière anglaise, François Rivière. Depuis, les titres se succèdent et les lecteurs prennent beaucoup de plaisir à retrouver cette ambiance inégalable si « british »… De nombreux dessinateurs et scénaristes ont tenté l’aventure et j’ai ainsi pris beaucoup de plaisir avec Le Train Bleu de Mark Piskic, Le Crime d’Halloween de Chandre, Cinq petits cochons de Miceal O’Griafa et David Charrier, Le couteau sur la nuque de Marek… Tous ne sont pas des chefs d’œuvre mais tous nous relient à des romans de grande classe que l’on a plaisir à relire…

Venons-en à ces fameuses Vacances d’Hercule Poirot ! Tout d’abord, il s’agit d’un travail d’équipe, Didier Quella-Guyot pour le scénario et Thierry Jollet au dessin. La seconde précision à donner, c’est que ce roman est assez connu des lecteurs pour deux raisons : un, le roman est assez connu et a eu un certain succès ; deux, l’adaptation en feuilleton télévisé, avec David Suchet dans le rôle d’Hercule Poirot, a été diffusée de très nombreuses fois depuis 2001…

Il fallait donc que les auteurs choisissent un angle d’attaque différent de ce qui s’était fait pour la télévision tout en ne perturbant pas trop les téléspectateurs nombreux qui ont mis dans leur tête depuis longtemps David Suchet en image, en icône, d’Hercule Poirot…

Le changement notable avec l’adaptation télé réside dans le fait que la bande dessinée fait abstraction de capitaine Hastings… Le faire valoir du célèbre détective belge n’est pas là et Poirot devrait se reposer au soleil pour récupérer d’un léger malaise qu’il a eu récemment… Mais quand Poirot arrive, les meurtriers se réveillent et on va effectivement trouver un cadavre, celui d’Elena Stuart…

Je vous passe tous les éléments de l’enquête que vous connaissez certainement. Ici, tout ne réside pas dans le suspense, mais dans l’ambiance de ce mystérieux huis-clos au bord de la plage… L’hôtel est sur une presque île, en fait, une île que l’on peut rejoindre à pied à certaines marées basses… Une partie du roman, celle qui déclenchera le déclic salvateur chez Poirot, se déroulera d’ailleurs sur le continent par une belle journée ensoleillée avec un bon pique-nique…

Les choix du scénariste-adaptateur sont tout à fait justifiés et me conviennent parfaitement et on ne peut pas tout mettre en 46 planches de bande dessinée ! La narration graphique est adaptée à un roman policier d’Agatha Christie et certains lui reprocheront certainement de manquer de dynamisme, de vitesse, de mouvement… Mais, ici, on se déplace à la vitesse d’Hercule Poirot, c’est à dire qu’on se hâte lentement en réfléchissant… Donc, c’est normal, tout simplement !

Comme pour chaque adaptation, il y aura toujours ceux qui préfèrent le roman, mais c’est peut-être aussi ce que souhaitent certains auteurs de la collection, ouvrir le chemin des romans d’Agatha Christie à une nouvelle génération de lecteurs, ou, redonner envie de plonger dans l’univers de la reine du crime…