Un homme trop facile
de Éric-Emmanuel Schmitt

critiqué par Pucksimberg, le 5 février 2013
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Une pièce jubilatoire
Alex est un comédien reconnu et adulé des foules. Ce soir c’est la première du « Misanthrope » ! Nous sommes dans les coulisses et nous suivons les instants qui précèdent la représentation, puis ceux qui la suivent. Alex est l’opposé d’Alceste. C’est un jouisseur. Il profite de la vie, séduit de jolies demoiselles sans se projeter dans l’avenir, vit dans le présent et accepte l’imperfection humaine. Le rôle de Célimène est tenu par Leda, comédienne à l’image du rôle qu’elle joue. Alex n’est pas insensible aux charmes de cette jolie demoiselle. Mais il y a aussi Joséphine la fille d’Alex, Doris cette femme dévouée aux costumes, personnage haut en couleur.

Face à un miroir, Alex perçoit son reflet, en fait pas vraiment ! C’est Alceste qu’il voit ! Le personnage de Molière qui parle en vers ! S’ensuit un dialogue dynamique, original et intelligent entre ces deux personnages que tout oppose. D’un côté Alex le libertin, de l’autre Alceste le misanthrope. Leur dialogue est jubilatoire.

Eric-Emmanuel Schmitt fait preuve de finesse et de beaucoup d’humour. Le texte est truffé de références et revisite la célèbre pièce de Molière avec talent. On sent l’amour du dramaturge pour le théâtre : le jeu du comédien, l’excitation et le trac, la relation avec le public, la qualité d’une œuvre populaire …Le lecteur ressent cet amour pour le théâtre. Il est aussi très agréable de voir comment l’auteur poursuit les débats menés dans la pièce d’origine, en y apportant ses réponses sans doute adaptées au 21ème siècle. Cette pièce est aussi un bon divertissement, une comédie qui fait rire le lecteur avec ses quiproquos et son parler franc. Le personnage de Doris est exceptionnel ! De plus, Eric-Emmanuel Schmitt mêle les genres et les registres le polar, le fantastique, la comédie, le tragique …

Cette pièce de théâtre est un vrai régal, surtout si l’on aime la pièce « Le Misanthrope » de Molière. Même si on ne la connaît pas on prendra aussi du plaisir à lire ce texte.

Quel bonheur d’avoir pu rencontrer Alceste, cet ennemi du genre humain !