Brest en bulles
de Batist (Scénario et dessin), Briac (Scénario et dessin), Nicolas Cado (Scénario et dessin), Java (Scénario et dessin), Gwendal Lemercier (Scénario et dessin)

critiqué par Shelton, le 25 février 2013
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Direction Brest même !
Certains se demandent pourquoi un Lorrain comme moi, exilé en Bourgogne depuis longtemps et profondément convaincu du bonheur de vivre à Chalon-sur-Saône sur les bords de la Saône, plus beau fleuve du monde, parle toujours de la Bretagne ? Petite explication indispensable : d’une part je n’ai aucun chauvinisme régional ni national, chaque région ayant ses atouts et ses beautés ; d’autre part, j’ai fait une partie de mes études supérieures à Brest et j’ai passé de très nombreuses vacances familiales en Bretagne où mon grand-père et, maintenant, mon père sont allés vivre leurs retraites… voilà, c’est dit !

Brest en bulles n’est pas une histoire à proprement parler en bande dessinée. La couverture magnifique de Pellerin où l’on voit l’Epervier sortir du port de Brest nous l’affirme déjà : ici, c’est un hommage rendu à la ville de Brest par plusieurs auteurs de bédés… Chacun va nous dire quelque chose de cette ville occidentale par essence même, coincée dans sa rade au bout du monde… Les participants à ce florilège urbain et océanique sont Gwendal Lemercier, Java, Grinette, Josselin Paris, Nanor, Nicolas Cado, Batist, Lylyan Le Bars et Briac…

Pour chaque auteur le plan sera le même : une page de présentation de l’auteur et de son travail, trois planches pour raconter une histoire comme une sorte de cliché de la ville… et à ce jeu-là certains sont très imaginatifs car trois pages c’est si peu !

Gwendal Lemercier ose transformer Brest en ville imaginaire que les marins et voyageurs seraient toujours heureux de retrouver après un long voyage… La Barbara de Java chante sous la pluie sur des mots de Prévert qu’il ne prend pas soin de nous rappeler tant ils sont entrés dans notre mémoire collective. « Brest dont il ne reste rien » ou dont il reste tout puisque aucune destruction n’est parvenue à détruire l’âme ! J’ai souri avec Grinette et son idée originale, ai trouvé le regard de Josselin Paris original, suis resté insensible à l’histoire de Nanor, mais on ne peut pas tout aimer…

Il a fallu le récit de Nicolas Cado pour que je puisse entendre la phrase fatidique que tout Brestois prononce une fois par jour au moins : « Brest même »… La narration graphique en noir et blanc de Batist m’a semblé pertinente et efficace tandis que celle de Lilyan Le Bars m’a paru vaine. Enfin, pour clore notre voyage à Brest, j’ai adoré l’ensablement du port et de la rade par Briac…

Un album pour les curieux de nouveaux talents, pour les voyageurs attachés aux ports ouverts sur l’Océan, pour les amateurs de la Bretagne et, surtout, pour les amoureux de Brest même !

Il se pourrait que je ne sois pas très objectif, allez savoir !