Laisse de Jean-François Chassay

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 1 mars 2013 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Une belle vie de chien

Jean-François Chassay s’est penché sur les relations entre maîtres et chiens. Son roman ne sera pas adapté au cinéma par Walt Disney. Il n’apparaîtra pas non plus dans les iconographies sur la gent renifleuse. Toutes races confondues, qui, de l’humain ou de la bête, est l’espèce dominante ? C’est le dilemme auquel l’auteur répond. Les anthropomorphistes seront déçus. Il s’agit de chiens normaux, qui ont suivi un cours initiatique sur la race canine. Ils affichent de beaux crocs, et aucun vœu de chasteté ne restreint leur instinct sexuel.

Le Journal de Montréal une fois lu, les maîtres partent avec leurs bêtes, plutôt imposantes et affolantes. On y rencontre, en autres, un doberman et un mâtin du Tibet, chien aussi gros qu’un poney. Eux aussi viennent lire leur journal en reniflant ce qui s’est passé au pied des arbres depuis la veille. Tout le monde bien renseigné, c’est l’heure du happy hour par un matin neigeux. Sans laisse, les clébards s’en donnent à cœur joie au parc Lafontaine avec vue sur la montagne. On lève la patte, on se couraille (poursuit), on se monte... Une belle vie de chien !

Les maîtres devisent avec un peu moins de convivialité. C’est bien connu, les bipèdes ont l’art de se « bitcher » (s’attaquer) avec courtoisie. Mais la résilience vient à bout des chocs. Un vétérinaire rassure le propriétaire sur la mauvaise réputation de son doberman. Le chien comme l’homme naissent bons. Rousseau l’a dit. Dans Tous les chats, tous les chiens, Konrad Lorenz précise que les animaux se conduisent plutôt comme le veut l’aphorisme « tel maître telle bête ». Bref, on se dédouble dans son animal. Comme un anxiolytique, ce compagnonnage réduit l’angoisse du cynophile en assurant les besoins primaires de la gent canine en échange de sa domesticité.

Derrière le parallèle entre ces deux ordres de vertébrés se profile une humanité dont les travers nous turlupinent. Expliquez que le fait de porter une casquette sens devant derrière prouve les progrès de l’humanité ? Les snobillards du Plateau Mont-Royal, qui se considèrent comme le nec plus ultra du Québec selon l’auteur, fronceront les sourcils en lisant son roman qui nous exhorte à s’inspirer de la sagesse des bêtes. En somme, Jean-François Chassay démontre que le compagnon de l’homme est parfois plus sage que le bipède vaniteux

Ce diptyque est fort dépaysant. Le premier volet ressemble à un recueil de nouvelles qui présente maîtres et chiens en neuf chapitres. Le tout est suivi d’une longue narration magmatique de leurs rencontres au parc. C’est redondant, voire lourd, même si l’auteur allège son œuvre d’un humour qui, malheureusement, manque souvent la cible. Malgré les bémols, ce roman original illustre bien notre société nombriliste.

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