Charles Vuillermet (1890-1918) : Carnets et dessins d'un officier savoyard dans la Grande Guerre
de Michel Perrier

critiqué par JulesRomans, le 7 mars 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Debout les morts !
Cet ouvrage permet de suivre la courte vie de Charles Vuillermet, il a été écrit par un officier en retraite qui a su faire preuve de réalités qualités d’historien. Il est parti de l’ensemble des documents donnés par la famille du défunt à l’Académie Chablaisienne dont le siège est à Thonon en Haute-Savoie, il les a complétés par quelques-autres et a su tenir un discours rigoureux. Contrairement à certains ouvrages autour d’un homme ou d’un régiment (ici c’est le cas des deux), on a su éviter avec "Charles Vuillermet (1890-1918) : carnets et dessins d’un officier savoyard dans la Grande Guerre" de faire une apologie.

Charles Vuillermet, né à Thonon, est issu d’une famille d’artiste-peintre vaudoise qui a su prendre le tournant de la photographie (tout en gardant son activité d’origine) et a par contre abandonné l’optique et la fabrication des baromètres. Alors qu’elle a navigué entre Mulhouse, Bâle et Lausanne (jusqu’à l’installation à Thonon en 1879 d’une partie d’entre elle), elle a toujours conservé une foi catholique très profonde.

Charles Vuillermet vit de 1890 à 1909 dans la capitale chablaisienne, après la perte successive de ses deux parents il rejoint son oncle en Suisse mais début 1910 il est à Paris et y réside jusqu’à son appel sous les drapeaux. Appelé à servir au 133e RI cantonné essentiellement dans l’Ain, il y rencontre des officiers catholiques, pas vraiment en odeur de sainteté avec la République, payant pour certains l’affichage de leur hostilité à Marianne. La pieuse attitude de Charles Vuillermet fait qu’il se plaît bien parmi eux et il décide de s’engager à l’issue de ses deux ans de service militaire.

Il est donc un sergent de carrière quand démarre la Première guerre mondiale et il terminera avec le grade de lieutenant lorsqu’il décèdera au milieu de l’année 1918 à Bussiares dans l’Aisne. Enterré à la hâte, son corps ne peut être identifié à la fin des hostilités, ce qui encouragera la famille à recueillir auprès de ses anciens camarades de combat des témoignages. Il est presque certain que le corps n’était plus identifiable fin 1919 et que Charles Vuillermet a été inhumé dans une nécropole nationale. En occupant de vive force les tranchées de Sommerlick le 15 juin 1915, le 133e RI y gagne le surnom des "Lions du 133e ", aussi le motif du Lion de Belfort revient plusieurs fois dans les productions artistiques de Charles Vuillermet.

Voilà donc la vie d’un poilu retracée avec une foule de documents et de commentaires qui nous permettent d’approcher un peu celle de tous les autres. "Les frères Joseph" de Serge Revel est une fiction qui raconte la vie de soldats savoisiens durant la Première Guerre mondiale, elle peut être un prolongement à la lecture de "Charles Vuillermet (1890-1918) : Carnets et dessins d'un officier savoyard dans la Grande Guerre".