Curieuses histoires des inventions
de Jean-C. Baudet

critiqué par Bolcho, le 18 mars 2013
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Et si vous sortiez votre liste à vous ?
Plus que le contenu du livre, après tout prévisible et que chacun d'entre-nous pourrait reconstituer sur internet assez vite, c'est le choix des « 100 découvertes » qui est intéressant.
Il va de soi que chaque lecteur est tenté de dresser sa propre liste. A titre personnel, j'aurais mis la charrue, l'assolement, le harnais d'épaule, le verre à vitres et le matérialisme historique (l'auteur nous a bien mis le capitalisme...). Et je me serais passé de la science-fiction, du colt, de la winchester, du pistolet-mitrailleur (c'est fou ce que l'on trouve d'armes dans sa liste : neuf!) et du... saxophone.

N'oublions pas non plus qu'il s'agit des « 100 découvertes qui ont changé le monde »...pas forcément en bien.

Quelques remarques au passage.
Le chronomètre a été inventé en 1759. Ce n'était pas essentiellement pour être certain de manger à midi pile, mais pour réussir à déterminer la longitude en mer. En ce qui concerne la latitude, c'était fastoche.

Cette excellente remarque : « Décidément, la vie est belle, au début du XXe siècle. Lumière électrique, musique à volonté, téléphone pour appeler ses amis, automobile pour visiter la campagne, chemin de fer pour de plus longs voyages. »
C'est vrai ! Que manque-t-il vraiment ? Radio, transfusion sanguine, télévision, antibiotiques, ordinateur, réanimation cardiaque, pilule, internet, téléphone portable, traitement de textes... ?

Et à propos de Freud qui « se demande, avec un certain cynisme, comment il pourrait développer sa pratique médicale le plus lucrativement possible. Il faut trouver des malades à la fois riches et dont les soucis de santé ne sont pas trop graves, et qui ne sont pas pris en charge par les autres médecins. Il remarque qu'il y a de nombreux névrosés parmi les riches bourgeois de Vienne, et il a trouvé sa voie. »
Joliment envoyé, non ?

Par contre, à propos de la bombe atomique, difficile de suivre l'auteur dans son parti-pris.
« (...) ce n'est tout de même pas la faute des Américains s'il y eut les projets insensés de Hitler et de Hiro-Hito ! ».
Pardon ! Quand on connaît les raisons qui poussent le Japon à entrer en guerre, il est difficile de ne pas y voir les conséquences directes – et voulues – de la stratégie américaine, notamment en ce qui concerne l'accès à l'énergie.
L'auteur assène encore ceci : « Bien sûr, il est dommage que l'on ait dû anéantir deux villes japonaises pour faire cesser la Seconde Guerre mondiale. Mais c'est aux généraux fanatisés du Japon impérial qu'il faut s'en prendre ».
Pour un peu, il nous parlerait encore des « faces de citron » comme dans les BD américaines de l'Après-guerre...
Rapprochons simplement deux dates. La première explosion expérimentale de bombe nucléaire date du 16 juillet 1945. Le 6 août 1945 - vingt et un jours après - les Américains rasent Hiroshima, et trois jours plus tard, c'est le tour de Nagasaki. Ouf ! Il était temps : à peu de choses près, la guerre se terminait avant qu'on utilise le nouveau joujou dont il fallait pourtant absolument montrer la puissances aux immondes soviétiques.

La pilule apparaît le 3 mai 1960. L'auteur s'étonne qu'on « vocifère » aujourd'hui sur les OGM, « qui ne transforment que des tomates, des radis ou de maïs, et si peu contre la pilule qui transforme des femmes ».
Où a-t-il rencontré des femmes « transformées » par la pilule au point de devenir dépendantes de Monsanto ?