Guide de lecture des textes du concile Vatican II - Les documents du dialogue
de Régis Moreau

critiqué par JulesRomans, le 19 mars 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Un désir de compréhension mutuelle
Régis Moreau est docteur en sociologie et enseigne à l'Université catholique d'Angers. Il nous livre avec de larges commentaires, les textes issus de Vatican II qui interrogent sur la place de l’Église dans un monde où elle côtoie constamment d’autres communautés religieuses et un ensemble de non-croyants.

Les commentaires signalent ponctuellement à la fois les bases et les prolongements évènementiels qui ont concrétisé les affirmations contenues là. Ainsi est évoqué le promoteur de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens l’abbé lyonnais Couturier ou le fait qu’en 2000 Jean-Paul II ait demandé pardon pour les fautes contre l’unité des chrétiens dont les catholiques sont responsables.

Aujourd’hui l’univers religieux est très éclaté et bien moins hiérarchisé, avec la poussée des mouvements charismatiques et de sectes. Autant il paraissait simple, dans le début des années soixante, de trouver des interlocuteurs représentatifs et en nombre limité dans l’ensemble de la communauté chrétienne, autant aujourd’hui cette tâche semble relever d’une entreprise très délicate.

En matière de relations avec les non-croyants, un des textes rappelle que Dieu aime les païens et peut faire le choix de les sauver. Les liens entre la foi de l’Islam et celle de l’univers catholique sont bien mis en avant.

Vatican II rappelle que la liberté religieuse trouve sa source dans la Révélation. Les aspects des tâches du Père, du Fils et du Saint-Esprit, qui ont rapport avec l’existence de non-chrétiens, sont mis en exergue.

En conclusion l’auteur éclaircit l’idée que l’activité missionnaire de l’Église s’adresse aujourd’hui à toutes les parties du monde mais qu’elle ne prend pas les mêmes formes là où il faut procéder à une nouvelle évangélisation (car le christianisme y a été un terreau culturel) et là où les habitants ont connu d’autres traditions. Cette implantation nouvelle ne peut se concevoir sans une dose d’acculturation qui intègre des cultures locales. L’auteur ne le dit pas ici mais il a évoqué bien avant les gâchis successifs de la pénétration du christianisme en Chine, un bel exemple de rigidité doctrinale. Il n'évoque pas non plus l'acculturation que pourrait faire la croyance catholique autour de certains sujets comme l'usage du préservatif ou le mariage des prêtres (qui n'est après tout que le fruit de la Réforme grégorienne).

À l’heure où Rome a un nouveau Pape on mesure bien à la lecture de ces commentaires tout ce que l’esprit de Vatican II a fait pour faire rentrer l’univers catholique dans le monde moderne et combien la tâche reste encore importante à François si son programme est "Tout Vatican II". Voilà un document historique qui pourrait bien revenir un sujet d'actualité.