Système 1, système 2 : Les deux vitesses de la pensée
de Daniel Kahneman

critiqué par Yokyok, le 20 mars 2013
(Nîmes - 36 ans)


La note:  étoiles
Connaître les biais cognitifs pour tendre vers plus de libre arbitre
L’auteur, Daniel Kahneman, est spécialiste de psychologie cognitive et d’économie comportementale. En 2002, il a reçu le prix Nobel d’économie pour ses travaux sur le jugement et la prise de décision. Dans cet ouvrage, au travers de nombreuses études de cas et exemples auxquels le lecteur est invité à prendre part, il analyse les situations dans lesquelles nous sommes amenés à émettre des jugements ou prendre des décisions plus ou moins irrationnelles, et propose des solutions pour limiter ce qu’il appelle nos biais cognitifs.

La première partie est consacrée à présenter les deux modes de pensée que sont la pensée intuitive et la pensée délibérée, à les caractériser et à décrire leurs rôles respectifs dans la formation de nos jugements. De fait, se laisser guider les yeux fermés par son intuition peut conduire à :

- substituer à des questions difficiles comme « qu’est ce que je pense de telle ou telle situation » celles beaucoup plus faciles de savoir ce que je ressens à leur égard

- tirer des conclusions hâtives sur la base d’informations limitées

- se laisser influencer par le fait que l’aisance cognitive crée une illusion de vérité

La deuxième partie développe les différentes catégories de biais cognitifs : loi des petits nombres qui nous conduit à faire plus attention au contenu d’un message qu’aux informations sur sa fiabilité, ancrage nous poussant à laisser une information arbitraire influencer notre jugement, importance de la disponibilité de l’information dans le jugement (l’importance de ce qui nous vient facilement à l’esprit est surestimée), amalgame entre ce qui est probable et ce qui est plausible.

La troisième partie s’attarde sur les situations menant à un excès de confiance en soi. En révisant l’histoire de ses convictions à la lueur de ce qui s’est vraiment passé, on crée l’illusion que l’avenir était prévisible. Cela nous pousse à estimer les qualités d’une décision non en fonction de la qualité du processus, mais en fonction de ses conséquences. En négligeant les informations manquantes, on crée une illusion de validité.

La quatrième partie traite de la prise de décision, notamment des biais qu’entraîne notre aversion à la perte.

Ce livre constitue un excellent outil pour aider le lecteur à penser de façon plus éclairée. Toutefois, j’aurais apprécié que l’auteur mène ses études au sein de populations plus diverses. Son propos aurait gagné en portée. En outre, les études dont il relate les résultats étant elles aussi soumises à des biais, il importe de rester critique à l’égard des conclusions qu’il en tire.