La ferme des orages
de Joëlle Guillais

critiqué par CC.RIDER, le 8 avril 2013
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Drame paysan
De nos jours, dans le Perche, Patrick Le Henin, un jeune agriculteur, exploite avec sagesse et compétence son grand domaine agricole, la ferme des Egliers, en compagnie de Denise, sa vieille mère. Sur sa centaine d'hectares, il cultive des céréales, s'occupe d'un troupeau de vaches laitières et complète ses productions grâce à l'élevage de taurillons. Mais, un jour, il rencontre sur une foire, Irène, une belle et flamboyante rouquine représentante en matériel agricole qui essaie de lui vendre un tracteur dernier cri. C'est le coup de foudre et le début une série de péripéties qui finiront par déboucher sur un véritable drame paysan.
Roman de terroir contemporain, « La ferme des orages » nous raconte une histoire simple et même banale en abordant les thèmes de la solitude des agriculteurs, les crises qu'ils doivent subir, la course au machinisme, au toujours plus gigantesque, l'endettement insensé qui va avec et la difficulté à survivre simplement en retirant un salaire décent d'une activité pourtant si essentielle à un pays : nourrir ses habitants. Ainsi Patrick devra passer de la production de lait à celle de porc alors que les cours ne cesseront de s'effondrer. Les personnages sont attachants et crédibles, l'écriture pas désagréable à lire et les conclusions sinistres. Nos dirigeants n'ont-ils pas pris de mauvaises orientations dans le domaine de la politique agricole ? Etait-il judicieux de pousser vers cette agriculture extensive, vers cette production de masse et de mauvaise qualité qui, à l'arrivée, ruine les producteurs tout en intoxiquant les consommateurs ? Hormis les intermédiaires, tout le monde se retrouve perdant dans cette affaire. Telle est la problématique qu'évoque ce livre à travers ces destins finalement bien peu enviables.
Labourage et pâturage… 7 étoiles

Avec la révolution industrielle des Trente Glorieuses, l’agriculture s’est résolument tournée vers la productivité, le rendement, au détriment de la qualité. Investissements démesurés, calculs financiers déraisonnables, politique gouvernementale absurde, tout a concouru à cette situation catastrophique qui n’a fait que s’amplifier au fil du temps. Le personnage principal du roman opte pour cette modernisation insensée, qui évidemment le conduira à sa perte.
L’autrice ne mâche pas ses mots pour dénoncer cette aberration. Concernant le fonctionnement d’une porcherie démesurée, elle écrit : « Il les regardait manger, absorber, avaler, bouffer, consommer, s’en mettre plein la gueule, plein la panse, se gaver, ingurgiter, s’empiffrer jusqu’à l’indigestion et se vider au même rythme de leurs excréments ». Tout cela pour produire une viande immonde que les hypermarchés nous vendent bien présentée... De quoi nous faire réfléchir à ce que l’on mange.

Bernard2 - DAX - 75 ans - 16 février 2022