Lectures psychanalytiques de la Bible

Eugen Drewerman est un exégète, il est (ou était) pasteur, titulaire d'une chaire de théologie en Allemagne. Il est l'auteur de nombreux best-seller sur la Bible, ainsi que sur les contes, et leur interprétation psychanalytique. Ses ouvrages lui ont valu des démêlées avec son évêque et je pense qu'il est actuellement démis de ses fonctions à l'université ainsi que de ses fonctions pastorales. En plus d'être exégète et théologien, il est également
(ou surtout) psychanalyste. Il a un succès considérable en Allemagne et partout ou il est traduit, les mauvaises langues diront que ce succès est du en partie à ses problèmes avec sa hiérarchie ecclésiastique.
La Parole qui guérit est son premier livre traduit en français et celui qui l'a fait connaître dans nos pays. Son propos est de montrer comment une lecture psychanalytique de la Bible dégage un sens directement utile au lecteur. Il montre que les textes bibliques peuvent nous aider à vaincre nos peurs et angoisses et ainsi nous libérer. Car essentiellement ce sont nos peurs qui nous empêchent d'être libre. Tout comme un psychanalyste interprète les rêves de ses patients, Drewermann nous encourage à lire la Bible comme s’il s'agissait d'un rêve fait la veille. Une lecture dans laquelle le lecteur s'implique et qui le touche profondément, d'ou le (très beau) titre du livre: 'La parole qui guérit', comment la Bible nous aide à surmonter nos angoisses, nous 'libérer des démons', nous aide à vaincre ce qui nous empêche d'être libre.
Découpé en courts chapitres indépendants, le livre aborde entre autres thèmes celui du rapport entre la Bible et la psychanalyse, celui de l’amour, celui du symbolisme dans la Bible. Il y a un chapitre intéressant sur les ‘miracles' de Jésus. Il donne une très belle interprétation de la guérison de l'aveugle et encore plus de la femme hémorroïsse. Signalons un chapitre sur le Cantique des cantiques, un poème amoureux qui exalte l'amour y compris dans sa dimension physique. Même si le ton n’est pas à la polémique, il critique le moralisme catholique qui, loin d’aider les gens, les blesse: refoulement de la sexualité, culpabilisation due à une mauvaise interprétation du mythe du jardin d'Eden et du péché originel, ... Sans nier l'apport des exégètes traditionnels, il reproche à ceux-ci de s'être approprié les textes et d’avoir asséché ceux-ci par une analyse historico-critique.
C’est assez convainquant et enrichissant. Paul Diel dit dans un de ses livres que la vie est un combat sublime auquel nous n'avons qu’une seule chance de pouvoir participer : une lecture psychanalytique de la Bible nous fournira peut-être des armes qui nous aide dans ce combat sublime, à l'instar des divinités de la mythologie grecque qui arment les héros humains. C'est en tout cas comme ça que je comprends l'apôtre Paul lorsqu’il nous dit d'endosser l'armure de Dieu afin de lutter contre le Mal (épitre aux Ephesien). Mais qu'est-ce que le Mal ? Pour Drewerman c'est nos angoisses, nos peurs, ce qui nous empêche de vivre libre. Pour Paul Diel (Psychologie de la Motivation), le Mal c'est notre imagination exaltée, l'affect aveuglant, cause de nos fausses motivations. Il faudrait relire Dostoievski pour avoir sa réponse..
'La Parole Qui Guérit' n'est plus disponible pour l'instant mais le chois ne manque pas pour celui qui veut découvrir ou approfondir la pensée de Drewermann. Il y a entre autre un ouvrage plus approfondis sur l'évangile de St Marc (La Parole et l'Angoisse).

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  La parole qui guérit [Texte imprimé] Eugen Drewermann trad. et introd. par Jean-Pierre Bagot

  de Drewermann, Eugen Bagot, Jean-Pierre (Traducteur)
  les Ed. du Cerf / Théologies (Paris. 1983).
  ISBN : 9782204043007 ; 32,00 € ; 18/02/1991 ; 333 p. ; Broché

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