Sociologie de la lecture
de Chantal Horellou-Lafarge, Monique Segré

critiqué par Elya, le 11 avril 2013
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Lecture, écriture : histoire et sociologie
Les livres qui tournent autour du thème de la lecture, des bibliothèques et de l’écriture ne manquent pas. On trouve par exemple des réflexions par des grands écrivains, des essais argumentés à l’aide d’œuvres classiques, des romans… Depuis quelques temps je me suis mis en tête de dénicher des ouvrages sur cette thématique présentant un contenu plus scientifique. Il m’a fallu donc aller voir du côté des sciences sociales. J’ai sélectionné Sociologie de la lecture car il est cité dans le très complet Discours sur la lecture 1880-2000.

Malheureusement, Sociologie de la lecture n’apporte rien de plus que ce dernier.
Si vous suivez déjà les rapports du Ministère de la culture sur les pratiques culturelles des français, réalisés tous les 10 ans, vous avez déjà pris connaissance d’une grande part des informations qu’apporte ce livre. Couplez ce rapport à un livre sur l’histoire de l’écriture et de la lecture et vous aurez à peu près accès à tout le contenu de Sociologie de la lecture.

On ne peut pas dire que cet ouvrage est inintéressant. Les questions que les auteurs se posent sont même captivantes, quand ils se demandent par exemple si « Le livre, devenu produit-marchandise ne va-t-il pas transformer la lecture en un acte de consommation de moins en moins culturelle ? ». Mais ils ne répondent jamais concrètement aux questions qu’ils soulèvent. A nous de nous débrouiller, de tirer des conclusions de leurs propos, avec tous les risques que cela comporte de raccourcis, d’erreurs d’interprétation. Ils se contentent de rapporter les résultats de quelques travaux et enquêtes réalisés par des sociologues, des historiens, des philosophes ou de purs statisticiens. Ils n’apportent aucun regard critique sur ces travaux, ne s’interrogent pas sur l’intérêt d’étudier ce sujet, sur les difficultés que cela comporte nécessairement. Ils se positionnent systématiquement de manière confortable en simulant d’avoir fait la part des choses, lorsqu’ils nous révèlent notamment que « la relation entre instruction et lecture n’est ni étroite ni définitive, l’envie de lire, de connaître, dépend de circonstances, de rencontres qui interviennent au cours de la vie et peuvent modifier, détourner, atténuer les effets du capital culturel scolaire acquis ou hérité ». Cette affirmation n’est de plus pas vraiment formalisée puisqu’elle s’appuie sur des études de cas et des témoignages.

Je suis déçue par cette lecture mais sûrement un peu dure. Ce n’est pas le premier livre que je lis sur ce sujet, et finalement, c’est toujours les mêmes choses qui sont relatées. J’espère pourtant à chaque fois trouver un raisonnement plus scientifique ou un positionnement moins nuancé, pourvu qu’il soit argumenté. Il faut croire que sur ce sujet, la denrée est rare. Je continue ma quête.
En attendant, ce livre conviendra parfaitement à ceux qui souhaitent un synthétique recueil des travaux des dernières décennies en sociologie et en histoire de l’acte de lire.